Intervention de Denis Badré

Réunion du 30 novembre 2005 à 10h30
Loi de finances pour 2006 — Participation de la france au budget des communautés européennes : article 50

Photo de Denis BadréDenis Badré, rapporteur spécial :

Aurons-nous l'humilité de reconnaître que nous ne sommes pas toujours les meilleurs et que nous n'avons pas tant de leçons à donner à nos partenaires ? Je souhaite, en tout cas, que nous adoptions cette attitude salutaire !

Un jour, le pape a demandé à la France de se souvenir des promesses de son baptême. Aujourd'hui, nous devons nous souvenir du message extraordinaire envoyé au monde en 1950 par la France et l'Allemagne, qui affirmaient qu'une autre manière de faire avancer le monde était possible. Restons donc fidèles à l'inspiration des pères fondateurs de l'Europe ! Sachons la retrouver aujourd'hui, car c'est plus que jamais nécessaire !

Au demeurant, nous n'avons pas d'autre choix, si nous voulons restaurer notre image en Europe et retrouver un rôle influent, si nous voulons que l'Europe elle-même retrouve son élan.

Il nous faut, sur la plupart de ces dossiers, revenir à l'expression de l'intérêt commun. C'est la clé de toute l'affaire !

À cet égard, je me contenterai de citer l'exemple de la politique agricole commune, la PAC. Ce n'est pas en refusant toute réforme de la PAC - elle n'a d'ailleurs plus de politique que le nom ! - que nous préparerons l'avenir. Il faut faire mieux aujourd'hui. Si, pour l'instant, cette attitude s'est révélée payante, c'est parce que nous l'avons payée assez cher, en acceptant des concessions sur d'autres dossiers. Mais, demain, la France ne sera plus écoutée !

Il faut d'urgence réaffirmer le principe de la préférence communautaire, découpler les marchés intérieurs et extérieurs, rappeler que la PAC a été élaborée pour les consommateurs de tous les pays de l'Union européenne et non pas simplement pour les agriculteurs français. Il convient de rappeler que, si la PAC n'avait pas existé, elle aurait été inventée de façon identique, pour résoudre les problèmes des pays nouvellement entrés dans l'Union. En effet, les difficultés qu'ils rencontrent rappellent étrangement celles qui étaient les nôtres voilà un demi-siècle.

En résumé, madame la ministre, je vous soumets la suggestion suivante. La stratégie de Lisbonne reste un discours très technocratique. C'est bien dommage, car elle répond à une question centrale - cruciale même - pour notre avenir, celle de savoir sur quelles activités nous fonderons les créations d'emplois.

Pourquoi ne pas plutôt afficher un double objectif, concret et précis, compréhensible par tous, avec du sens et une signification politique publique ?

Il s'agit, d'une part, de développer la recherche et l'innovation, afin que la compétitivité de la France soit confortée dans le concert des pays les plus en avance et que tous les pays de l'Union restent dans le wagon de tête du progrès.

Il convient, d'autre part, d'engager une véritable politique d'aide au développement sans laquelle non seulement nos emplois, mais également notre modèle social et nos acquis écologiques seraient compromis.

Il nous revient de décliner cette double proposition dans notre pays et d'en tirer toutes les conséquences.

Développer l'Europe de la recherche exige un projet de loi témoignant que l'avenir de la France s'inscrit dans une dynamique européenne. Cela suppose également un concours plus engagé de notre pays à la conception et à la construction du programme cadre de recherche et de développement, le PCRD.

Développer l'aide au développement suppose une Europe de la paix plus active, une Europe plus présente au monde, une Europe politique plus forte, une politique étrangère et de sécurité commune, la PESC, plus forte.

Le projet européen reprendrait alors des couleurs et les Européens s'y reconnaîtraient davantage. Le temps n'est-il pas venu, madame la ministre, d'introduire un peu de rupture dans la démarche européenne ?

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