Intervention de Michèle Alliot-Marie

Réunion du 5 octobre 2006 à 9h30
Modes de gestion des crises africaines — Discussion d'une question orale avec débat

Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense :

l'écoute que chacun lui connaît pour les sujets concernant la sécurité de notre pays et notre défense.

Vous avez choisi, dans ce débat nouveau, d'aborder un sujet essentiel pour nous Français, pour nous Européens, pour nous citoyens du monde.

En 2006, près de la moitié des pays africains sont en état de guerre civile ou connaissent une crise politique grave.

Cela est dû à la montée des rivalités ethniques, qui tient tout simplement au renouveau du nationalisme ethnique dans quasiment tous les pays d'Afrique. Cela est dû aussi, Mme Girardin l'a mentionné, à la course à la préemption des richesses naturelles de l'Afrique. Cela est dû encore, ne le négligeons pas, à l'appétit de certains acteurs, intéressés par le seul profit : trafiquants d'armes, mercenaires et sociétés de mercenaires, trafiquants de tous ordres, grande criminalité.

Parallèlement, en 2006, nous constatons un afflux de plus en plus important d'immigrés clandestins sur nos côtes européennes, qui viennent tout simplement chercher chez nous la sécurité, la liberté, la justice, le bien-être.

En 2006, nous assistons au développement de la violence, qui devient le seul mode de règlement des conflits et de relations dans les pays africains.

En 2006, de la Somalie au Maroc, en passant par le Darfour et le Sahara, nous observons l'émergence de foyers du terrorisme se revendiquant d'Al-Qaida, qui se renforcent, s'arment et se font menaçants. Notre pays, comme d'autres, parfois plus que d'autres, apparaît comme l'une de leurs cibles.

Oui, monsieur Boulaud, la réponse à ces problèmes ne doit pas être que militaire ; mais elle est aussi militaire.

Nous n'avons pas le droit de nous désengager de l'Afrique. Sans nous substituer aux pays africains, nous devons développer avec eux de nouvelles formes de coopération susceptibles de répondre à ces défis en constante évolution.

Il convient que nous réaffirmions l'engagement de la France en Afrique. C'est un engagement psychologique et moral, mais également économique, physique et militaire.

Ainsi, nous continuons et nous continuerons d'être présents sur ce continent, pour respecter nos obligations, même si nous adaptons notre dispositif.

Notre obligation, comme notre intérêt, c'est d'abord la sécurité de nos deux cent quarante mille ressortissants français et celle de centaines de milliers de ressortissants européens. Je le rappelle, la plupart des opérations que nous avons menées en Afrique au cours des vingt dernières années avaient d'abord pour but de protéger nos ressortissants. Si nous sommes intervenus en Côte d'Ivoire, c'est bien, au départ, pour protéger les ressortissants français, mais aussi européens et mêmes américains - je pense notamment à des collégiens américains -, que nous avons « sortis » des combats et des massacres qui étaient en train de se produire dans le nord du pays.

Nous sommes d'abord intervenus pour eux. Ensuite, nous l'avons fait à la demande des autorités ivoiriennes, avant qu'interviennent, à notre demande, les autres pays africains et l'ONUCI.

Notre obligation, comme notre intérêt, c'est aussi que l'Afrique soit stable et prospère. Sur le continent africain, nos motivations ne sont pas différentes de celles qui nous animent par rapport aux autres parties du monde. Nous voulons, là aussi, la paix, la stabilisation de la sécurité, en particulier celle des populations civiles. Nous apportons notre aide quand surviennent des crises humanitaires et des catastrophes naturelles. Ainsi, tout récemment encore, à la suite du débarquement dans des conditions pour le moins douteuses de certains produits nocifs à Abidjan, nous sommes effectivement allés sur place pour aider les populations.

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