Intervention de Aline Archimbaud

Réunion du 26 octobre 2011 à 14h30
Sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Aline ArchimbaudAline Archimbaud :

… afin d’accroître la transparence sur l’influence que peut avoir l’industrie pharmaceutique au sommet de l’État.

Par ailleurs, nous souhaitons nous assurer que les personnes physiques ou morales soumises à obligation de déclaration publique d’intérêts ou de publicité de leurs conventions et qui s’y soustrairaient partiellement ou totalement soient effectivement et équitablement sanctionnées. Par exemple, le montant de certaines amendes prévues par le texte nous paraît encore insuffisant : le lier au chiffre d’affaires des industries en question nous a semblé pertinent. Cela garantirait à la fois le caractère dissuasif de l’amende et la justice de la peine, dans un secteur que l’on sait très hétérogène, puisque les entreprises concernées par ces dispositions peuvent être des PME ou des multinationales.

Quant à la question des visiteurs médicaux, elle est trop importante pour demeurer en suspens dans ce projet de loi, plusieurs de mes collègues l’ont fait remarquer. La remise d’un rapport sur cette problématique est prévue pour le début de l’année 2013, mais il me semble important d’exiger dès à présent davantage qu’une simple promesse de réflexion.

Sans porter de jugement sur une profession difficile ni stigmatiser les visiteurs médicaux qui ne font que le travail pour lequel on les rémunère, nous devons toutefois rappeler, cela a d’ailleurs été souligné dans de nombreux rapports, que l’information par démarchage ou la prospection commerciale pour des médicaments soulèvent un problème flagrant de conflit d’intérêt.

Bien sûr, ce ne sont ni les individus ni leur intégrité qu’il faut mettre en cause. Je veux dès à présent insister sur ce point et le rappellerai lors de la discussion des articles.

C’est bien le système tel qu’il est conçu et le statut professionnel totalement commercial dans lequel ces personnes sont aujourd’hui enfermées qui posent problème, à tel point que des ajustements à la marge, à l’instar de l’expérimentation de la visite médicale de groupe à l’hôpital, ne suffiront pas à effacer l’incompatibilité de fait entre la nécessité d’une information objective des médecins et la rémunération des visiteurs médicaux par les laboratoires pharmaceutiques, rémunération intrinsèquement liée à leur performance commerciale.

C’est la raison pour laquelle nous avons déposé deux amendements d’une importance capitale à nos yeux, pour parvenir réellement à pallier les défaillances avérées du système du médicament.

Le premier amendement tend à mettre fin, à compter du 1er janvier 2014, à la délivrance de nouvelles autorisations d’exercice de la profession de visiteur médical et donc à placer la profession en « extinction progressive ». Bien évidemment, il s’agit non pas de mettre 18 000 personnes au chômage, mais au moins d’empêcher de nouveaux recrutements et le renflouement de ce corps, qui rend sa reconversion toujours plus difficile.

Le second amendement vise à exiger du Gouvernement qu’il remette au Parlement, avant le 1er janvier 2013, un rapport évaluant l’intérêt et le coût pour les finances publiques de la constitution d’un corps public rattaché à la Haute Autorité de santé et chargé de l’information des professionnels de santé. Ce rapport devra également présenter les possibilités de reconversion offertes aux visiteurs médicaux, sachant qu’il doit s’agir d’un processus inscrit dans la durée et mené sérieusement avec tous les partenaires.

Mieux maîtriser l’influence des laboratoires pharmaceutiques nous est en effet apparu comme une nécessité impérieuse d’intérêt général. Mais il était également primordial de garder à l’esprit le point de vue des patients, notamment ceux qui sont atteints du cancer, du sida ou de maladies rares.

De nombreuses associations de malades nous ont alertés sur l’importance dans le traitement des personnes qu’elles représentent du système des autorisations temporaires d’utilisation. En effet, ces dernières permettent de faire face à des situations intolérables, alors que les molécules nécessaires sont encore à l’étude et que les résultats des essais sont très positifs.

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