C'est ce cloisonnement idéologique qui explique en partie l'échec des politiques que l'on a tenté de mettre en place depuis des années.
Dans son livre intitulé Éduquer ou enfermer ?, Jean-Marie Petitclerc, par ailleurs éducateur depuis plus de vingt-cinq ans, va dans ce sens, et estime qu'il faut dépasser ces clivages, car répression et prévention doivent finalement se compléter.
C'est, selon moi, la direction prise par votre texte, mais il faudra veiller à la bonne application, par les juges, des dispositions prévues, car ils apparaissent, et c'est normal, centraux dans ce dispositif.
Je pense notamment au cas des mineurs multirécidivistes, à l'endroit desquels il conviendra de faire preuve de la plus grande fermeté, afin de ne pas les laisser sombrer dans la délinquance en ne sachant pas mesurer les sanctions qu'il faudrait prendre.
Je n'entends pas par là les mettre en prison ; ce n'est pas la solution la plus adaptée lorsque l'on parle de mineurs. En revanche, les mesures d'éloignement dans des internats ou des centres éducatifs fermés doivent être favorisées, et ce pour des durées suffisantes au regard du travail éducatif et psychologique qu'il y aura à mener.
Enfin, et c'est le plus important, l'accent doit être mis tout particulièrement sur l'apprentissage des acquis fondamentaux, indispensables pour mener une vie sociale normale, ainsi que sur la sensibilisation à la valeur du travail que ces jeunes ne connaissent pas ou connaissent peu.
J'aimerais, sur ce point, vous présenter un projet que j'ai mis en place à Neuilly-Plaisance. Cette expérience parmi d'autres montre que rien n'est jamais perdu. En partenariat avec la chambre de métiers et le préfet de Seine-Saint-Denis, grâce à la politique gouvernementale qui a notamment créé le contrat d'accompagnement dans l'emploi, nous avons mené une action pragmatique en direction des jeunes âgés de dix-huit à vingt-cinq ans, difficiles et en échec scolaire. Certains étaient délinquants récidivistes, d'autres cherchaient un emploi. Bien qu'ils aient suivi une scolarité normale, la plupart ne savaient ni lire, ni écrire, ni compter, d'où l'intérêt de lutter contre l'absentéisme scolaire.
Nous leur avons proposé de suivre une formation rémunérée au sein des services techniques de la mairie, en plomberie, en peinture, en maçonnerie, en électricité, secteurs connaissant une pénurie de main-d'oeuvre. Tout au long de l'apprentissage, chaque jeune était encadré par un tuteur.
Il convient de souligner que cette expérience, qui va dans le sens des mesures d'activité de jour que vous proposez, a été couronnée de succès. En effet, au-delà de la fierté de ramener chez eux le salaire de leurs efforts, ce qui, pour la plupart d'entre eux, leur était inconnu, ils ont appris un métier et nombreux sont ceux qui ont découvert une vocation, l'espoir et sont devenus un exemple pour les autres jeunes. S'étant réintroduits dans le circuit social, ils peuvent désormais envisager un avenir.
Monsieur le ministre, ce sont ces jeunes dont il faut s'occuper, car sans notre aide, ils sont incapables de trouver un emploi et ont la délinquance comme seule solution pour « gagner leur vie ».