Intervention de Serge Dassault

Réunion du 13 septembre 2006 à 21h30
Prévention de la délinquance — Suite de la discussion d'un projet de loi

Photo de Serge DassaultSerge Dassault :

L'obligation scolaire jusqu'à dix-huit ans ne poserait évidemment aucun problème pour tous ceux qui poursuivent normalement leurs études dans les lycées et les universités ou qui sont engagés dans une formation professionnelle, puisqu'ils travaillent.

En revanche, tous ceux qui, à seize ans, après le collège, ne trouvent aucune école, aucun lycée pour les accueillir et n'ont aucune motivation pour travailler se verraient obligés par cette nouvelle limite à trouver une formation et à s'orienter vers l'apprentissage, en tout cas à ne pas rester inactifs. Cela ferait d'autant moins de délinquants, sans qu'il vous en coûte rien.

Ainsi, la meilleure méthode pour réduire l'insécurité serait de valoriser l'apprentissage, à partir de quatorze ans ou après seize ans, à la fois auprès des jeunes et auprès des familles, qui sont souvent réticentes.

Il ne faudra pas oublier les chefs d'entreprise, qui détiennent la clé du système. En effet, ils hésitent souvent à accepter des apprentis. Il faudrait donc instituer une législation obligeant les entreprises à embaucher un certain nombre d'apprentis, en fonction de leurs effectifs, comme cela a lieu pour les handicapés. Ce serait une mesure citoyenne pour les chefs d'entreprise ; elle serait dans l'intérêt de tous et réduirait à la fois l'insécurité et le chômage des jeunes.

Actuellement, plus de 60 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans qualification, soit près d'un dixième de chaque classe d'âge. Cela représente chaque année un potentiel de 60 000 délinquants supplémentaires. Cela vaut la peine de s'en occuper, non ?

Devenus majeurs, mais toujours inactifs, ces jeunes n'accèdent plus que minoritairement à une formation : 350 000 jeunes de dix-huit à vingt-quatre ans sont actuellement dépourvus de toute qualification et, pour une grande part d'entre eux, sont au chômage.

On ne peut tout de même pas affirmer que notre système éducatif actuel soit très efficace et qu'il ne faut surtout rien changer, puisqu'il n'atteint pas son objectif : former les jeunes à la vie professionnelle. Il était adapté à la situation des jeunes voilà vingt ans ; les jeunes ont changé, et le système éducatif n'est plus efficace aujourd'hui.

M. le ministre l'a souligné, il faut savoir s'adapter à chaque changement de situation ; sinon, on va vers la catastrophe. C'est ce qui se produira si l'on ne change pas l'âge limite de l'obligation scolaire.

Mais que faire, après, pour ceux qui, à dix-huit ans, restent sans formation ou sans travail ? Plus encore que leurs cadets, ce sont des délinquants en puissance, en révolte contre la société qui ne leur apporte pas de travail ; d'où les émeutes de novembre, qui peuvent d'autant plus recommencer que rien n'aura été fait pour les éviter.

La solution pourra être apportée par le service civil, déjà mis en place, mais à la condition qu'il devienne obligatoire pour tous les jeunes de dix-huit ans qui ne travaillent pas et ne sont pas en formation, et qu'il dure un an. Pour ceux qui travaillent, il n'y a pas de problème !

Au lieu de traîner dans les rues, il serait plus utile pour ces jeunes de passer un an avec les pompiers, les administrations, la police, la gendarmerie, l'armée, etc. Cela les obligerait à sortir de leur quartier, à être en contact avec d'autres communautés, à apprendre un métier, et les éloignerait de toute tentation.

Les quartiers regagneraient en sécurité, comme du temps du service militaire, ...

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