Intervention de François Loos

Réunion du 19 octobre 2004 à 10h00
Questions orales — Mise sur le marché français d'une voiture destinée aux pays émergents

François Loos, ministre délégué :

Monsieur Souvet, vous soulevez la question de la mondialisation en général et du cas de l'automobile, avec la Logan commercialisée par Renault, en particulier. La question sur l'industrie automobile est intéressante, car elle permet de répondre à la fois au cas particulier et au cas général.

Tout d'abord, l'industrie automobile crée actuellement de l'emploi en France : 7 000 emplois pour PSA en France en 2004 hors réseau commercial, 5 000 annoncés par Renault sur notre territoire pour 2005. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette situation, alors même que d'autres pays européens doivent au contraire affronter de douloureuses restructurations dans l'automobile. Voyez l'Allemagne avec Opel en ce moment même.

Cette relative prospérité a été rendue possible historiquement par la stratégie internationale de nos deux groupes Renault et PSA. Les ventes en France de ces deux constructeurs sont restées stables, voire en légère décroissance depuis 1990. S'ils sont devenus des acteurs majeurs et rentables de la scène automobile internationale, c'est parce qu'ils ont su dans le même temps accroître la part de l'international dans leurs ventes de 53 % à 71 %.

Tout ce mouvement s'est fait au bénéfice de l'emploi en France. Tout d'abord, parce qu'il est presque sûr que, sans expansion à l'international, nos constructeurs auraient périclité, y compris en France. Mais aussi d'un strict point de vue comptable : Renault produit 1, 3 million de véhicules par an en France, alors qu'il n'en vend que 700 000 dans notre pays. Le solde est donc nettement positif.

Dans l'industrie automobile, conquérir de nouveaux marchés à l'international est donc favorable à l'emploi en France. Les chiffres le prouvent et c'est le cas dans la grande majorité des secteurs industriels.

C'est à l'aune de ces remarques que l'initiative de Renault sur la Logan doit être considérée. Elle correspond en effet à la volonté de conquérir de nouveaux marchés, en l'occurrence ceux des économies dites émergentes, en leur proposant un modèle qui s'adresse spécifiquement à leurs besoins et à leur pouvoir d'achat.

Ce faisant, Renault a pris un risque, celui de rompre avec la logique traditionnelle des constructeurs européens, en proposant un modèle rustique, peu équipé, mais de qualité puisque correspondant aux standards les plus récents de la marque en Europe.

Le pari fait par les dirigeants de Renault semble aujourd'hui en passe d'être gagné, si l'on en croit le succès remporté par la Logan dans les pays où elle est commercialisée.

J'étais hier en compagnie du Premier ministre en Roumanie, pays où la Logan est fabriquée par Renault Dacia. Le premier jour de l'ouverture du marché de la Logan, 9 000 ventes ont été réalisées. Je ne pense pas que nous puissions déplorer cette situation.

Ce véhicule est produit en Roumanie parce qu'il y avait pour l'entreprise une grande logique à produire ce véhicule dans les zones où il allait être vendu afin qu'il soit perçu comme un produit local, ce qui a souvent de l'importance, et que Renault puisse se battre à armes égales avec les constructeurs déjà présents sur ces marchés.

Je comprends bien sûr votre inquiétude concernant la réimportation de ce véhicule en France. Permettez-moi cependant de faire deux remarques à cet égard.

La première remarque, c'est que ce mouvement était inéluctable dès lors que la Logan était introduite sur le marché des dix nouveaux pays membres de l'Union européenne, tels que la Pologne ou la République Tchèque. C'est le marché unique et, par conséquent, ce qui est vendu en Pologne peut être vendu en France. Mieux vaut que ce soit Renault qui assure cette distribution plutôt que des vendeurs parasites qui achemineraient automatiquement les véhicules de la Pologne vers la France.

La seconde remarque, c'est que ce modèle, malgré sa qualité, est sans doute destiné à rester un modèle de niche dans notre pays. Comme vous l'avez dit, la demande des consommateurs s'oriente traditionnellement vers des modèles de mieux en mieux équipés plus que vers des modèles bas de gamme. La Logan n'est pas la première voiture à très bas prix mise sur le marché français, et les expériences précédentes ont montré que ce créneau était très limité et concurrençait plus les ventes de véhicules d'occasion que celles de véhicules neufs. Renault lui-même n'aurait aucun intérêt à parasiter les marchés de ses modèles mieux équipés sur lesquels sa marge est bien sûr beaucoup plus importante.

Ainsi, vous voyez qu'à travers l'exemple de l'automobile toutes les questions qui ont trait à la mondialisation et aux produits à bas prix se trouvent évoquées, et que le solde est largement positif.

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