Intervention de André Trillard

Réunion du 19 octobre 2004 à 10h00
Questions orales — Crise du secteur maraîcher nantais

Photo de André TrillardAndré Trillard :

Monsieur le président, je tiens à mon tour à vous dire le plaisir que nous éprouvons à vous voir siéger en tant que vice-président.

Monsieur le ministre, la profession maraîchère nantaise subit actuellement une crise particulièrement aiguë. En témoigne l'importance de la chute des cours à la production, qui a une incidence directe sur le chiffre d'affaires : 35 % de diminution pour certaines productions !

Chez les maraîchers nantais ainsi que chez leurs fournisseurs, plusieurs centaines d'emplois sont actuellement menacés.

La particulière gravité de cette crise tient pour beaucoup à ses origines, que l'on ne saurait réduire à une classique inadéquation entre l'offre et la demande, tant il est vrai que pèsent lourdement des facteurs extérieurs.

En effet, quels qu'aient été les efforts d'organisation réalisés par la profession - et ils ont été importants -, ils sont demeurés vains face à la concurrence directe exercée par des pays désormais européens, telle la Pologne, ou par des pays tiers, comme le Maroc, dont le rapport différentiel en termes de coût de main-d'oeuvre par rapport au nôtre varie de 1 à 10.

Il n'est cependant guère besoin d'aller si loin. Ainsi, l'Allemagne, avec un recours massif à ces contrats saisonniers à très bas coûts, est redevenue autosuffisante en asperges et a quasiment éliminé la Sologne du circuit.

Parallèlement aux distorsions salariales et sociales que subissent inexorablement nos entreprises, l'augmentation des matières premières que sont l'acier, le plastique et surtout l'énergie n'est plus guère maîtrisable. Cette augmentation est d'autant plus inquiétante lorsque l'on sait que le prix du gaz naturel, l'énergie la plus utilisée par la profession, est indexé sur le baril de pétrole, alors même que la part de la facture énergétique représente entre 25 % et 30 % du chiffre d'affaires.

Dans un marché tel que celui des fruits et légumes, ces hausses, vous le savez bien, ne sont pas « répercutables », d'autant qu'une autre série de contraintes tient aux exigences toujours plus pressantes de la grande distribution.

A côté d'un ballon d'oxygène vital, constitué de mesures d'urgence fortes et significatives afin d'éviter la disparition d'entreprises, dont certaines sont au bord de la faillite, avec le cortège de drames humains qui en découlent, il faut redonner un avenir durable et lisible à la filière fruits et légumes. Seule la mise en oeuvre de mesures structurelles destinées à compenser les disparités fiscales et sociales actuelles et à restaurer, sur le plan européen, les conditions d'une concurrence économique loyale sera de nature à garantir la pérennité d'un secteur dont chacun, en Loire-Atlantique, souhaite qu'il conserve sa place parmi les fleurons de notre économie.

Monsieur le ministre, les dispositions que vous avez annoncées le 7 octobre dernier à Nantes ont le mérite de montrer que le Gouvernement a pris conscience du problème ; toutefois, en mesure-t-il toute la gravité ?

En effet, le compte n'y est pas totalement. Le volume des crédits réellement débloqués reste infiniment modeste par rapport à l'urgence d'une situation qui ne cesse d'empirer. Rien n'est fait, dans l'immédiat, pour alléger le coût de l'énergie et de la main-d'oeuvre. Quelles mesures le Gouvernement est-il disposé à prendre pour pallier l'envolée du coût de l'énergie qui conduit certaines de nos entreprises droit à la faillite ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion