En un mot, la grève est totalement détournée de son objet. Elle devient un préalable au dialogue social, au lieu de constituer le dernier recours en cas d'échec de celui-ci.
Un tel usage de ce droit constitutionnel qu'est le droit de grève reflète parfaitement l'indigence de notre culture du dialogue et du consensus. Nous préférons trop souvent l'affrontement brutal à la concertation : c'est bien cela qui doit changer. Avant d'être législative, la rupture, dont on a tant parlé, doit être celle des mentalités. Il nous appartient, en tant que législateur, d'accompagner cette évolution. Tel est l'objet d'un texte comme celui-ci, dont nous entamons aujourd'hui l'examen.
Monsieur le ministre, vous ne verrez pas souvent le groupe de l'UC-UDF louer le recours à l'urgence. Cette fois, pourtant, nous le ferons, comme l'a indiqué tout à l'heure mon collègue Philippe Arnaud. C'est en effet à juste titre que l'urgence a été déclarée sur ce texte. Oui, il y a urgence à remettre l'usager, dont l'exaspération légitime n'a fait que grandir, au cours des années passées, au coeur des services publics de transports.
Dans les conditions d'utilisation du droit de grève que je viens de décrire, que constatent les usagers ?
Ils subissent des préjudices qui peuvent être très importants. Je rappelle que, en cas de grève, ce ne sont pas seulement les candidats au baccalauréat qui peuvent être pénalisés ; peuvent l'être également les candidats à un emploi convoqués pour un entretien d'embauche ; faute de pouvoir se déplacer, ils n'obtiendront peut-être jamais d'emploi !