Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, avant de donner les raisons politiques de notre opposition à cette mission « Travail et emploi », permettez-moi de vous faire part de quelques remarques.
Elles portent, en premier lieu, sur l’organisation de nos débats, qui nous prive d’un travail en profondeur. En effet, le PLFSS, dont nous terminons à peine l’examen, nous a beaucoup occupés, de même que nos collaboratrices et collaborateurs ainsi que celles et ceux de la commission des affaires sociales. En conséquence, le rapport écrit de notre collègue Alain Gournac n’a été disponible que samedi dans la matinée.
En outre, je ne peux que regretter le manque de lisibilité de cette mission, par exemple l’absence de comparatif des actions prévues d’une année sur l’autre. Cela n’aide pas, monsieur le président de la commission des finances, à la compréhension de cet exercice déjà bien compliqué.
J’en viens au contenu de cette mission qui, après votre texte abusivement intitulé « en faveur du travail » et celui sur la généralisation du revenu de solidarité active, s’inscrit dans votre logique de désengagement de l’État en matière de politique sociale et de soutien de l’emploi. Tout juste prévoyez-vous un accompagnement social du chômage !
Malgré la situation catastrophique de l’emploi, la persistance des annonces de licenciements de masse, de délocalisations au nom du profit – je ne citerai pas ici toutes les entreprises concernées – vous maintenez votre politique libérale de réduction des coûts de l’État au profit d’une politique d’exonérations toujours plus généreuse, alors que chacun peut constater à quel point cette politique est inefficace pour l’emploi !
Maintenir cette mission en baisse d’environ 5 % est, en soi, la preuve que le souci de ce Gouvernement n’est pas la satisfaction des besoins du plus grand nombre de nos concitoyens mais bien la satisfaction du capital et de ceux de vos amis qui en tiennent les rênes.
Chômage, précarité, flexibilité, temps partiels subis, horaires atypiques, bientôt le travail du dimanche, voilà tout ce que vous proposez aux salariés de notre pays, pendant que les managers empochent des parachutes dorés ! Nous vivons ainsi un retour au XVIIIe siècle, époque où les enfants, les femmes et les hommes salariés n’avaient aucun droit, sauf celui de remercier leur patron de leur donner un emploi et un logement !
Je croyais cette époque révolue, je pensais qu’au xxie siècle chaque enfant, chaque femme et chaque homme pouvait s’appuyer sur la valeur « respect », et que cette valeur se conjuguait dans les deux sens, du bas vers le haut, mais aussi du haut vers le bas.
Quant à la multiplication des contrats aidés ou encore l’extension du chômage partiel, qui vous paraît préférable au chômage, ce ne sont pas les réponses dont notre économie a besoin. En effet, là encore, ce sont les salariés qui assumeront une partie de leur situation, alors qu’ils la subissent de plein fouet, sans compter que les intérimaires et les sous-traitants ne bénéficieront pas même du chômage partiel !
Notre pays a besoin de la relance de l’économie. Celle-ci passe par une hausse réelle du pouvoir d’achat, donc par une hausse des salaires, des pensions et des minima sociaux !
Ce n’est pas le budget que vous nous proposez qui va faire évoluer cette situation de manière positive. Aussi, comme nous l’avons indiqué dans notre intervention générale, nous voterons résolument contre.