... dont on connaît à la fois l'obstination, l'opiniâtreté et, parfois, l'entêtement, mais aussi l'expérience de grande qualité puisqu'il a quand même réalisé à Sournia un CAT dont les mérites sont connus, je crois que nous avons fait oeuvre utile.
Je voudrais dire à nos collègues de l'opposition, que nous avons su écouter puisqu'un dialogue a eu lieu, qu'il est un peu triste que l'examen de ce projet de loi aboutisse soit à un vote contre soit à l'abstention. Mais je ne sais pas si j'ai bien compris leurs intentions.
Pour notre part, nous ne nous situons pas dans une logique partisane. La majorité sénatoriale a le mérite d'avoir été ouverte et d'avoir tenu compte de l'exigence d'une grande ambition et de la mise en oeuvre de solutions qui ne sont pas toujours très faciles à définir, car les problèmes sont multiples.
Au demeurant, le résultat est bon et l'un de nos mérites est d'avoir su conserver un texte équilibré, tant en première lecture qu'en deuxième lecture. Il est d'ailleurs rare qu'il y ait tant d'amendements en deuxième lecture, ce qui prouve que l'on a approfondi différents points, en accord avec le Gouvernement.
Pour être honnête, j'avais peur, au début, que l'on considère uniquement l'objectif, que l'on ne peut pas toujours atteindre, de l'intégration dans le milieu ordinaire. Bien sûr, tout doit être mis en oeuvre pour cette intégration. Pourtant, j'avais peur, je le dis, que, au nom de cette ambition, on oublie l'exigence de réponses institutionnelles et de supports collectifs pour offrir aux plus grands handicapés des chances supplémentaires dans leur vie.
Or, dans ce projet de loi, avec la définition des CAT qui a été revue et avec les précisions qui ont été apportées, nous avons su préserver cet équilibre indispensable : oui à la mobilisation totale pour une intégration maximale ; non au refus de voir la réalité, non à l'abandon des personnes les plus lourdement handicapées.
En tant que neuropsychiatre, j'ai eu l'immense chance d'être le médecin des établissements du Clos du Nid. Voilà cinquante ans, en Lozère, sous l'impulsion et la volonté de l'abbé Oziol, on a dit aux parents qu'on allait accueillir les enfants les plus lourdement handicapées, qu'il s'agisse de handicapés mentaux ou de polyhandicapés. Par la suite, j'ai vu naître une succession de filières de réponse aux problèmes de ces grands handicapés avec les IME, les instituts médico-éducatifs, et les IMPRO, les instituts médico-professionnels, les CAT et les foyers. Je suis à l'origine de la création, dans la loi du 30 juin 1975, des MAS, les maisons d'accueil spécialisées. A cet égard, l'association Solstices a inventé une formule d'accueil dans des familles d'éducateur pour des enfants très difficiles.
Il existe donc un large éventail de réponses. A mes yeux, le projet de loi devait préserver cette capacité de réponses diversifiées pour tenir compte de la réalité des chances de ces handicapés. En effet, nous ne légiférons pas pour le plaisir, même si nous pouvons être fiers que la France ait la plus forte et la plus belle législation dans ce domaine. Si nous légiférons et si nous sommes convaincus qu'il faut adapter les dispositifs, c'est pour répondre à l'exigence suivante : assurer un épanouissement et un développement maximum à tout handicapé, quel que soit son âge, y compris durant sa vieillesse, qui pose désormais un problème majeur.
Je regrette simplement que nous soyons restés un peu silencieux sur l'accès à la culture, aux sports et aux loisirs. Je souhaite, madame la secrétaire d'Etat, que ces dossiers, pour lesquels la loi du 30 juin 1975 avait créé des droits, puissent être concrétisés. Je vous propose notamment de soutenir un projet que nous défendons en Lozère pour réaliser un centre de sports et de loisirs pour les personnes handicapées. Il s'agit d'offrir de surcroît à la jeunesse handicapée de l'euroméditerranée des capacités de rencontres et d'échanges pour aller de l'avant, car la dimension européenne ne doit pas non plus être oubliée dans l'action en faveur des personnes handicapées.
Bien entendu, je voterai avec conviction ce projet de loi, en espérant, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, que vous aurez l'autorité nécessaire - mais nous vous faisons confiance ! - pour que, lors de la commission mixte paritaire, les grands acquis du Sénat demeurent.