Intervention de Catherine Tasca

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Catherine TascaCatherine Tasca :

Depuis le début de ce débat, vous vous efforcez, monsieur le ministre, de présenter l’opposition comme conservatrice, voire archaïque, sur ce dossier des retraites. Je voudrais vous démontrer que, au moins sur deux plans, vous faites une profonde erreur d’analyse.

Cette erreur tient d’abord à votre conception de la place des femmes dans la société. Vous nous faites miroiter une évolution positive des carrières des femmes dans les années à venir, mais nous constatons qu’elles sont de plus en plus souvent contraintes d’accepter des emplois à temps partiel ou des carrières morcelées et que, de ce fait, elles sont pénalisées au moment de la retraite. Pour elles, le report à 67 ans de l’âge de la retraite à taux plein est donc véritablement dramatique.

Je le répète : les femmes sont, de plus en plus, les piliers de la solidarité dans la vie familiale et sociale. Non seulement elles doivent très souvent élever seules leurs enfants, mais, en raison de l’évolution des familles, elles doivent aussi fréquemment assumer l’éducation des enfants de leur compagnon. Vous n’êtes pas sans connaître l’existence des familles recomposées, monsieur le ministre… Dans tous les cas de figure, ce sont les femmes qui sont le point d’ancrage, tant du couple que des enfants.

De surcroît, les femmes qui s’orientent vers des études longues n’ont pas forcément à attendre la fin de leur parcours universitaire pour avoir des enfants. Or l’amendement du Gouvernement pénalise vraiment de façon brutale toutes les femmes qui n’auront pas occupé un emploi avant d’avoir des enfants, ce qui est pourtant leur droit le plus strict.

Sur ce premier plan, il me semble donc que vous êtes bien plus que nous tourné vers le passé, monsieur le ministre. Surtout préoccupé par la protection de ce qui vous paraît être les intérêts vitaux de la société, vous méconnaissez la réalité de l’évolution de celle-ci.

Votre erreur d’analyse tient également au fait que, selon vous, nous ne comprenons rien à la répartition et que nous voulons en réalité la fiscalisation du système de retraite.

Vous devriez changer de logiciel ! En effet, nous constatons aujourd’hui que la place des salariés dans notre société régresse sans cesse, au profit de la rente et de la rémunération des capitaux. Vous ne pouvez pas continuer à solliciter exclusivement les salariés pour assurer la pérennisation de la retraite par répartition. En réalité, la rémunération des capitaux constitue également un prélèvement sur leur travail, car c’est bien celui-ci qui a permis qu’enfle sans cesse la valeur d’un certain nombre d’entreprises.

C’est donc bien parce que nous voulons un véritable système de retraite par répartition que nous tenons absolument à ce que le capital contribue à son financement, puisque lui-même se nourrit, et souvent grassement, des fruits du travail.

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