Intervention de Jean-Claude Danglot

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Jean-Claude DanglotJean-Claude Danglot :

S’il doit être garanti dès 60 ans et à taux plein, le droit à la retraite doit également prendre en compte certaines spécificités. Ainsi, certains secteurs d’activité sont nettement plus pénibles que d’autres, et il doit être permis à leurs salariés de partir plus tôt à la retraite, afin qu’ils puissent jouir des quelques années de vie à peu près en bonne santé qu’il leur reste.

En effet, les salariés de la maroquinerie, secteur où les femmes sont particulièrement nombreuses, connaissent des conditions de travail difficiles. Or les femmes, monsieur le ministre, sont les grandes oubliées de votre projet de loi. Elles subissent de profondes inégalités en termes de montant des pensions, du fait de carrières professionnelles en dents de scie, notamment en raison des maternités ou du travail à temps partiel. Les retraites perçues par les femmes sont de 40 % en moyenne inférieures à celles des hommes.

Soumises durant leur vie professionnelle aux cadences effrénées, au bruit, au contact avec des colles et des solvants, à la manipulation difficile de certaines matières, demandant une force physique importante, à la répétition inlassable des mêmes gestes, les ouvrières de la maroquinerie devront soit partir plus tard à la retraite, avec une pension majorée de quelques euros, soit partir dès l’ouverture de leurs droits, avec une pension ne leur permettant pas de vivre dignement leurs dernières années.

Il est vraiment fait peu de cas des salariés qui travaillent dans des conditions difficiles ! Monsieur le ministre, je vous invite à vous rendre dans les ateliers de maroquinerie, pour échanger avec ces ouvrières. Si vous écoutiez le pays, si vous vous déplaciez pour connaître la réalité des conditions de travail des Françaises et des Français, vous n’auriez pas présenté un projet de loi aussi injuste et purement idéologique.

Nous le savons tous, la réforme du système de retraite repose sur son financement. Il s’agit d’une question comptable. Sur ce point, des choix radicalement différents s’opposent : soit on fait payer les salariés, qui, même usés par le travail, devront travailler plus longtemps ou partir à la retraite avec une pension ridicule, soit on fait participer le capital, par exemple en taxant les stock-options ou en supprimant les exonérations de charges.

Or, vous refusez de toucher au capital. Il ne faudrait surtout pas porter atteinte aux privilèges des amis du Fouquet’s !

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