Intervention de Jean-Claude Danglot

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Jean-Claude DanglotJean-Claude Danglot :

Le second objectif est de faire face à la chute de revenus qui résulte de la retraite. Quand on se nourrit à longueur d’année de notes de frais, d’avantages en nature, de chauffeurs de fonction, de stock-options et de plus-values diverses, le choc est rude au moment où s’éloignent tous ces bonheurs, toutes ces marques de l’estime des autres, et où, l’âge venant, il faut commencer de penser à faire autre chose.

Nous comprenons donc fort bien que le pouvoir des actionnaires puisse être ainsi détourné, comme il l’a souvent été par le passé, pour assurer à quelques-uns d’être délivrés du traumatisme de l’inactivité !

Antoine Zacharias est l’un des bons exemples de la manière dont ce traumatisme a été soigné. Et si, force est de le constater, il fut facile pour lui de quitter Vinci avec la retraite chapeau qui lui avait été accordée, pour les salariés des filiales du groupe qui ont fait sa fortune, la retraite ne fut pas un long chemin de roses.

Ce fut le cas, notamment, pour ces maçons morts avant 65 ans d’avoir respiré toute leur foutue vie professionnelle les poussières de chemin et contracté ainsi un cancer du poumon ; pour ces peintres en bâtiment atteints du même mal pour avoir peint les murs dressés par les premiers ; pour ces chauffagistes frappés par l’asbestose ; sans parler des survivants, vous savez, monsieur le ministre, ces chibanis, des ouvriers venus de leurs montagnes qui, après des années de pelletées, de truelles, de bétonneuses, de sable, de chaux et de sang, se retrouvent aujourd’hui à vivre dans les douze mètres carrés de la chambre d’un foyer de travailleurs migrants devenu, par la force des choses, une maison de retraite !

Ceux-ci ne vont pas, comme en son temps Antoine Zacharias, alimenter la chronique judiciaire, et leur retraite ne soulèvera aucunement la réprobation collective, ou, si tel est le cas, ce sera uniquement parce qu’elle est souvent indigne des efforts consentis pendant toute leur vie professionnelle et parce que ces salariés ont été victimes, notamment, de l’absence de prise en compte de leur qualification acquise.

Seulement voilà : ils ont toujours payé toutes les cotisations sociales qui figuraient sur leur fiche de paie – sauf celles que leur employeur a pu négliger de verser à l’URSSAF –, ce qui n’est pas le cas des retraites chapeaux, dont celle qui permet à Antoine Zacharias, malgré quelques incidents, de vivre paisiblement à l’ombre des montagnes suisses, où il semble oublier avec dédain ses ennuis juridiques.

C’est dire qu’il est temps de faire droit aux attentes et aux droits réels des salariés, et de choisir notre camp. Laissons donc les ouvriers cimentiers partir un peu plus tôt à la retraite, y compris avant 60 ans, et faisons un peu payer les Zacharias, les Proglio, j’en passe et des meilleurs !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion