Intervention de Guy Fischer

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Guy FischerGuy Fischer :

Tout serait bouclé, décidé, et rien ne bougerait plus sur les points essentiels de cette réforme !

L’objet de l’amendement centriste est de moduler quelque peu le processus de relèvement de deux ans de l’âge de départ à la retraite sans décote et de répartir non plus sur six mais sur douze ans les deux années complémentaires que l’on va demander à certains pour y avoir droit.

Une telle initiative serait motivée, selon l’exposé des motifs, par le fait que nombre des personnes validant leurs trimestres de retraite après l’âge légal de départ en retraite sont, au moment de la liquidation, déjà largement en dehors de toute activité professionnelle. Cela, nous le savons tous !

Pour un certain nombre, ils ont même connu de longues périodes de chômage et peuvent se trouver dans la longue liste des dispensés de recherche d’emploi, qu’on connaît parfaitement à Pôle emploi et dont le nombre important est mis de côté pour masquer la réalité d’un chômage de masse.

À la vérité, nous pensons que, dans quelques années, le processus sera quelque peu différent. Dissuadées de licencier les salariés les plus âgés, les entreprises vont également se trouver confrontées à une population salariée ayant un niveau de qualification initiale plus important et une expérience professionnelle sans doute assez nettement différente de celle des actuelles générations de retraités.

Avoir 60 ans en 2010, c’est-à-dire 20 ans en 1970, à une époque où la France comptait 250 000 étudiants et moins d’un demi-million de chômeurs, ce n’est pas pareil qu’avoir 60 ans en 2025, c’est-à-dire souvent avoir eu un cursus universitaire relativement important et, pour les femmes, une carrière autrement plus remplie. En 1980 ou 1985, la France comptait, en effet, plus d’un million d’étudiants et le nombre de ceux-ci n’a cessé, depuis, de progresser, de même que celui des diplômés de l’enseignement du second degré.

Ce que nous risquons de trouver dans les années 2020 à 2030, ce sont donc plutôt des salariés âgés qui n’auront pas le compte d’annuités nécessaires pour avoir une retraite à taux plein et, surtout, qui ne les auront pas avant l’âge de 62 ans, au motif que leur intégration professionnelle aura commencé bien plus tardivement que celle de leurs parents ou des générations précédentes. C’est évident !

Nous savons que la question du rachat des années d’études est en filigrane dans ce débat et qu’elle est loin d’être tranchée, mais ce dispositif coûte très cher, il est peu efficace et touche un nombre très limité de personnes.

Il va falloir de même se demander comment prendre en compte ces années d’études. On pourrait fort bien prévoir pour celles-ci une participation au sein des droits d’inscription versés à chaque rentrée universitaire ; ce serait le signe que la préparation d’un diplôme de l’enseignement supérieur serait comme un rattachement de l’étudiant à la collectivité, que l’étudiant serait un travailleur en formation.

Pour l’heure, l’amendement de nos collègues est celui du moindre mal. En effet, il ne s’agit pas d’une véritable avancée, puisque ce dernier ne vise qu’à mettre un peu de pommade sur le recul social imposé. C’est la raison pour laquelle nous ne pourrons pas le voter.

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