Intervention de Jacky Le Menn

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Jacky Le MennJacky Le Menn :

Cet amendement vise à maintenir l’âge de départ à la retraite sans décote pour les personnes handicapées, et il n’est nul besoin de renvoyer à un décret en Conseil d’État.

Nous avons tous rencontré dans nos permanences, quels que soient nos étiquettes politiques et nos mandats, des handicapés qui cherchent du travail, bien souvent accompagnés de leur famille.

Leur carrière est non seulement en « dents de scie », mais également « en dentelle ». La plupart sont malades, connaissent des rechutes. Reconnaissons-le, il existe une attitude de méfiance et de ségrégation par rapport au monde du handicap. Il ne faut pas avoir peur de le dire ! C’est pour cela que nous la combattons et qu’une loi sur le handicap a été votée en février 2005.

Ils doivent donc être protégés, et c’est aux élus de le faire. Quand on a la malchance d’être une femme relativement âgée – mais pas encore arrivée à 65 ans – et d’être handicapée, c’est la galère ! Vous le savez, mes chers collègues, car vous en avez tous rencontré.

Ce n’est pas une question politique, c’est une histoire humaine ! Nous sommes non pas dans l’ordre du compassionnel, mais dans la solidarité dure. C’est en tant qu’élu de base de la cité corsaire malouine que je m’exprime, mes chers collègues ; je suppose que l’ancien maire de Neuilly, devenu Président de la République, ou que l’actuel maire de Chantilly ont rencontré et rencontrent encore ces personnes qui ont de grandes difficultés. Elles sont au chômage parce que l’on se méfie toujours un peu de la personne handicapée, qui ne sera peut-être pas aussi rentable.

C’est une réalité, à tel point que beaucoup d’entreprises préfèrent payer une amende plutôt que de les embaucher ! C’est d'ailleurs la raison d’être de l’association pour la gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des handicapés. Les administrations font la même chose et nous avons été obligés de créer un fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique afin d’inciter cette dernière à les recruter. Les handicapés ne font pas l’aumône, ils demandent simplement de pouvoir travailler.

Je voudrais tout de même rappeler qu’il s’agit de pensions modestes, bien loin de celles que toucheront vraisemblablement les conseillers techniques de certains cabinets ministériels ! Leur pension se situe en moyenne largement en dessous du seuil de pauvreté, et c’est à ces gens-là que l’on va appliquer une décote de 5 % s’ils partent à la retraite à 65 ans ? Là, je ne comprends plus ! Va-t-on les obliger à être au chômage jusqu’à l’âge de 67 ans ? Ce n’est ni admissible, ni humain ! Ils comptent sur les élus : nous devrions porter cet amendement tous ensemble, et non pas renvoyer à un décret.

À propos d’autres amendements relatifs au handicap, une distinction était opérée entre ceux qui étaient considérés comme lourdement handicapés et ceux qui ne l’étaient pas ! Il est inutile de faire encore appel à un décret, arrêtons un peu ! Je crois qu’il faut d’une manière claire et franche dire que tous les travailleurs handicapés pourront percevoir à 65 ans une retraite sans décote.

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