Intervention de Isabelle Pasquet

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Isabelle PasquetIsabelle Pasquet :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, en mars 2006, au terme d’un marathon législatif ininterrompu de neuf jours, marqué par un recours massif à la procédure parlementaire destiné à bâillonner l’opposition, la majorité du Sénat avait adopté, en s’en félicitant, le contrat première embauche.

Cette mesure emblématique du projet de loi sur l’égalité des chances, on le sait, n’est jamais entrée en application, et ce alors même que la discussion avait été marquée par un recours massif aux techniques permettant de faire avaliser au plus vite le texte, d’autant que le mouvement social, lancé par les jeunes du pays, contre le contrat première embauche commençait de prendre de l’ampleur.

On sait ce qu’il advint de l’urgence puisque, alors même que la loi avait été votée et promulguée, il suffit de quelques démonstrations de force de la jeunesse, des parents de ces jeunes et des organisations syndicales pour que ce qui avait été présenté comme la solution idéale au malaise de l’emploi dans les banlieues ne termine aux oubliettes de l’histoire.

Ne croyez donc pas, mes chers collègues, que l’adoption de ces articles 5 et 6 du projet de loi, que vous présentez comme le cœur de votre réforme des retraites, suffise à vous garantir d’avoir gagné la partie.

D’une part, parce que c’est oublier que le dossier de séance de ce projet de loi comprend encore, plus ou moins, neuf cents amendements et que nous n’allons pas manquer d’examiner avec intérêt l’ensemble des aspects du texte pour que la discussion permette d’aller au fond des choses et de prendre le pays à témoin de ce qui se trame, nuitamment, contre les droits du plus grand nombre.

D’autre part, parce que le mouvement social gagne en ampleur et en force, touchant un nombre croissant de secteurs d’activité, des transports publics à la télévision, en passant par les industries agroalimentaires et la métallurgie, sans oublier les services publics locaux.

Une force et une ampleur qui trouvent leur essence dans une unité syndicale rarement connue, une détermination grandissante des salariés à en découdre, dans les entreprises, sur les chantiers, dans les bureaux, les usines, les commerces, – et pas uniquement pour les retraites – et qui se matérialisent par l’appel à manifester du 12 octobre et celui lancé pour le 16 octobre, c’est-à-dire le samedi suivant.

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