Intervention de Marie-Christine Blandin

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Marie-Christine BlandinMarie-Christine Blandin :

Il faut construire une réforme juste, efficace et durable. La proposition du gouvernement, elle, est provisoire, injuste et oublieuse. Oublieuse des paysans, des paludiers, des petits commerçants, des artisans, des allocataires du handicap travaillant dans le secteur public, des migrants ayant cotisé… et profondément pénalisante pour les femmes, dont je rappelle que la moyenne des pensions s’élève à 1 020 euros alors que celle des hommes est de 1 636 euros !

Le Gouvernement, non content d’avoir favorisé tout ce qui fragilise le maintien dans de vrais emplois – on facilite les licenciements, on exonère les heures supplémentaires, on ferme les postes publics –, non content d’avoir protégé ceux qui s’enrichissent sans travailler, se travestit en défenseur de la répartition pour un montage indécent qui ne va pas chercher les ressources là où elles se trouvent.

Aux autres, le partage des miettes : un salarié non cadre touchait 84% de son dernier salaire en 2000. Il ne percevra plus que 67% à l’horizon de votre réforme.

Alors, on pourrait se dire que ce Gouvernement est de droite, qu’il est inflexible, dur aux pauvres et doux aux riches, mais au moins que c’est un bon gestionnaire. Et bien même pas ! Il pille le Fonds de réserve pour les retraites ; il prend le risque que l’UNEDIC soit gravement affectée par ces années supplémentaires de recherche d’emploi, en attendant une retraite différée ; il n’a aucun comportement responsable vis-à-vis de toutes les instances de solidarité sociale, à commencer par les départements et les villes, dont le flot de demandeurs va grossir : factures d’énergie impayées, menaces d’expulsion, cantines aux factures laissées sans réponse…

En effet, les structures familiales ont déjà évolué avec la précarité et plusieurs générations cohabitent. Mais ce n’est pas votre souci si les collectivités se trouvent face à des équations insolubles. Vous l’avez prouvé avec la suppression de la taxe professionnelle comme avec la réforme des collectivités territoriales.

Votre sens de la chose publique n’a pas dépassé le périmètre de votre ministère.

Dernier point, mais non le moindre, votre réforme est construite sur des hypothèses fausses, comme cette croissance chaque année surévaluée. Monsieur le ministre, vos bases sont celles des Trente Glorieuses et du passé !

Le détricotage des acquis sociaux va de pair avec la floraison des assurances privées, autre facteur de discrimination.

Vous auriez pu, au-delà des alternatives chiffrées que je vous décrivais, qui, elles, tiennent la route, prendre un peu de hauteur.

Vous auriez pu questionner le sens et la place du travail dans une vie.

Vous auriez pu revisiter d’urgence ce qui cause la souffrance au travail et qui fait que des milliers de salariés passent leur vie en apnée.

Vous auriez pu mettre en vis-à-vis les temps travaillés et les temps non travaillés : formation, grossesse, accompagnement des enfants, des aînés en souffrance, chômage, années sabbatiques et, à partir du ratio, trouver les ressources dans les fruits du travail dont sont spoliés les salariés.

Mais non, vous ne pouviez pas. Vos amis sont de ceux qui sont greffés sur le flux juteux des produits du travail sans l’effort du travail. Et parce que vous ne pouviez pas les décevoir, vous devez en faire payer le prix aux autres : deux ans de plus pour accéder à la retraite à taux plein. Nous voterons contre l’article 6 avec toute l’indignation des écologistes.

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