Intervention de Didier Guillaume

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Didier GuillaumeDidier Guillaume :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, demain, il y aura vraisemblablement beaucoup de monde dans les rues. Nous assisterons de nouveau à cette éternelle querelle sur les chiffres. De manière éhontée, certains affirmeront qu’il y avait cinq fois, voire dix fois moins de manifestants…

Que diront ces Français ? Dans la mesure où vous n’avez pas écouté les syndicats, boudant le dialogue social, que vous êtes restés sourds aux propositions de l’opposition parlementaire, la France qui souffre, qui se lève tôt, qui travaille ou est confrontée au chômage sera dans la rue pour vous dire que vous ne l’écoutez jamais et que vous favorisez toujours – c’est la constante de votre politique depuis 2007 – le même électorat, les mêmes catégories professionnelles, toujours les plus aisées, au détriment des autres. À partir du moment où vous ne privilégiez pas le dialogue, où vous n’écoutez pas les parlementaires, le débat se fait dans la rue.

Car, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État – et nous le répétons depuis une semaine déjà – votre réforme des retraites est injuste et, en outre, elle n’est pas financée et ne règle rien.

Vous avez voulu faire croire aux Françaises et aux Français que votre réforme était « la » réforme. Or il s’agit d’un trompe-l’œil. En fait, vous vous adressez simplement à une certaine catégorie de la population, en lui disant : ne craignez rien, dormez tranquilles, vous ne serez pas touchés par les efforts que nous demandons à toutes et à tous.

Il aurait été tellement plus simple de réformer en ne touchant pas au symbole essentiel de notre pacte républicain, à savoir l’âge de départ à la retraite à 60 ans et l’âge du bénéfice d’une pension à taux plein à 65 ans.

Regardez celles et ceux qui sont âgés, qui souffrent, qui sont au chômage : aucun d’entre eux n’est concerné par ce que vous proposez, parce qu’ils ne sont plus au travail ! À ceux qui ont souffert, vous demandez de travailler deux années supplémentaires ; à ceux qui sont au chômage, vous offrez deux nouvelles années de galère, alors que vous devriez leur ouvrir des perspectives.

Vous voulez que les chômeurs pauvres deviennent des retraités pauvres. Telle n’est pas notre conception de la République et de la politique ! À tous ces chômeurs pauvres, il faut au contraire leur proposer un chemin, un emploi, une formation. Vous préférez, une fois encore, les montrer du doigt et les culpabiliser, en les rendant responsables du manque de cotisations.

M. Bel vient de le rappeler, nous présentons un projet cohérent qui se fonde non seulement sur une augmentation des cotisations de 0, 1 % par an pour tous les salariés, mais aussi sur la taxation des revenus du capital, notamment les stocks-options. Il faut aller chercher l’argent là où il se trouve !

Vous aviez le choix : taxer toujours les mêmes ou répartir plus justement les efforts. Aujourd’hui, on le sait, l’écart entre les revenus du capital et ceux du travail, entre les riches et ceux qui galèrent, n’a jamais été aussi important et il continue d’augmenter.

Mes chers collègues, si nous nous opposons ainsi à cet article 6, afin de maintenir l’âge du bénéfice d’une pension à taux plein dès 65 ans, c’est tout simplement parce que nous vivons auprès des salariés en difficulté et des chômeurs.

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