Intervention de Françoise Laborde

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Françoise LabordeFrançoise Laborde :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, la majorité des membres du RDSE votera contre cet article, car nous estimons qu’il introduit une mesure d’une grande injustice, et ce malgré l’amendement qu’a fait adopter le Gouvernement.

Nous regrettons que ce dernier s’obstine à présenter ce relèvement de l’âge permettant de percevoir une retraite à taux plein sans décote comme indissociable du passage de 60 à 62 ans de l’âge de départ à la retraite et comme étant la solution au problème du financement du système des retraites, compte tenu de l’ampleur du chômage des seniors.

Nous regrettons que le Gouvernement augmente la période de précarité avant retraite de certains de nos concitoyens et nous pensons qu’il aurait été plus judicieux de prévoir un véritable plan de lutte contre le chômage de ces seniors.

Nous regrettons, enfin, que cet article pénalise les femmes. De nombreuses études montrent en effet que les femmes sont très souvent obligées de travailler jusqu’à 65 ans pour éviter la décote. Les écarts entre les hommes et les femmes sont d’ailleurs significatifs en matière de retraite. En moyenne, le niveau des pensions des femmes est inférieur de 38 % à celui des hommes et les femmes sont les principales bénéficiaires des minima de pension.

Cette inégalité est le reflet de l’inégalité salariale puisque les femmes gagnent en moyenne 19 % de moins que les hommes, même celles qui n’ont jamais interrompu leur activité professionnelle. Et cette situation s’aggrave lorsqu’elles deviennent mères.

Certes, des mesures viennent d’être prises pour les parents de trois enfants, mais les multiples conditions retenues pour leur permettre de bénéficier de l’annulation de la décote à 65 ans sont bien trop restrictives et transforment ces mesures en mesurettes.

Tout d’abord, l’amendement du Gouvernement ne concerne que les assurées nées entre le 1er juillet 1951 et le 31 décembre 1955 et qui ont validé, avant l’interruption ou la réduction de leur activité, un nombre de trimestre minimum. Rien n’est prévu pour toutes les autres, qui mettent leur carrière entre parenthèse, qui refusent les postes à responsabilités et les horaires tardifs ou qui sont souvent contraintes de recourir au temps partiel pour s’occuper des tâches domestiques et de l’éducation des enfants.

Avec la majorité de mes collègues du RDSE, nous estimons que l’article 6 crée une grande injustice à l’égard des ouvriers, des carrières longues, des salariés aux carrières incomplètes, de ceux qui ont subi des périodes de précarité et des femmes. C’est pourquoi nous voterons contre.

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