Intervention de Marc Daunis

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Marc DaunisMarc Daunis :

Vous avez non seulement présenté une réforme qui a été ressentie comme injuste, et qui est profondément inique, mais aussi décidé de maintenir des personnes au chômage plus longtemps, alors que 60 % des chômeurs n’ont pas retrouvé d’emploi quand ils liquident leur retraite. Ce chiffre, qui est le reflet de la réalité sociale vécue par certains de nos concitoyens, est alarmant !

La brutalité de cette réforme quant aux délais, son iniquité et son inefficacité sont indéniables. Alors, au fil des débats, vous avez dû quitter votre première ligne de défense, selon laquelle nous n’avions pas de projet. Ça n’a pas marché ! Le caractère profondément injuste de votre programme a été ressenti, et l’existence d’un projet alternatif est devenue crédible.

On peut se poser la question suivante : est-ce un défaut de communication du Gouvernement ? Je ne vous ferai pas l’insulte de penser que vous communiquez mal. La force et l’intensité des nombreux spots publicitaires prouvent le contraire.

Y aurait-il eu une certaine désinformation ? Vous ne pouvez pas dire, d’un côté, que nous n’avons pas de projet et, de l’autre, nous accuser d’avoir désinformé nos concitoyens, en leur laissant croire qu’il existait une autre possibilité et qu’elle était finançable.

Ou alors, cela voudrait dire que notre peuple manquerait de courage et n’est pas prêt à des efforts. Et là, vous portez la plus grave des responsabilités.

Dans notre système républicain, l’équilibre entre la liberté, l’égalité et la fraternité est parfois difficile à trouver. Cela exige que l’on dépasse les égoïsmes individuels pour mettre le collectif en avant. Vous ne l’avez pas fait, et c’est ce qui vous est reproché.

En refusant à longueur de débats de toucher à cette réforme profondément injuste et insupportable, c’est-à-dire d’attaquer les revenus du capital, vous avez pris le risque qu’elle soit incomprise. La question des retraites repose avant tout sur un choix de société et non sur de simples ajustements financiers.

L’allongement de l’espérance de vie moyenne pose un problème social. Voilà ce que vous voulez dire. En face, nous pensons qu’il s’agit d’un véritable progrès pour nos sociétés, et non d’une contrainte.

En conclusion, madame la présidente, je dirai que, dans une économie mondialisée, financiarisée, spéculative, où prolifèrent produits financiers et paradis fiscaux, la frénésie des profits est devenue la règle.

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