Intervention de Annie Jarraud-Vergnolle

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Annie Jarraud-VergnolleAnnie Jarraud-Vergnolle :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, comment concilier recul de l’âge de la retraite et emploi des 55-67 ans ?

Comment comprendre une réforme des retraites en pleine phase de hausse du chômage, notamment des seniors ? Comment accepter une réforme des retraites en dehors d’une politique de l’emploi ? Comment donner du sens à cette loi ?

L’essor des formes d’emplois atypiques constitue l’un des signes les plus patents de l’insécurité sociale qui règne actuellement dans notre pays. De plus en plus de salariés ont des carrières hachées, des emplois précaires, à temps partiel. Or ils devront continuer à travailler sur ces emplois précaires jusqu’à 67 ans.

Dans Le Figaro du 31 août 2005, Mme Parisot s’interrogeait ainsi : « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » Nous pouvons y ajouter, maintenant, la situation des retraités. C’est grave, monsieur le ministre. C’est porter atteinte aux fondements même de l’État social.

Comme le rappelle Henri Lacordaire, « entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».

Dès lors, comment expliquer une telle désinvolture dans un pays reconnu mondialement, non seulement pour ses avancées sociales, sa qualité de vie et la longévité de ses habitants, mais aussi pour la productivité de ses salariés ?

Vous développez à travers ce projet de loi une nouvelle pauvreté de nos anciens. Des financements existent pourtant, qui permettraient de ne pas repousser l’âge de la retraite, comme l’a fort bien démontré Jean-Pierre Bel.

Alors, de grâce, ne légiférons pas dans l’urgence ; c’est un problème trop grave pour ne pas tenir compte des tenants et aboutissants, ainsi que des conséquences à long terme de cet article 6.

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