Intervention de Odette Terrade

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Odette TerradeOdette Terrade :

Le relèvement de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ à la retraite est l’un des piliers de votre réforme, monsieur le ministre, aux côtés de l’allongement perpétuel de la durée de cotisation et du report de 65 à 67 ans de la retraite sans décote, contenu dans cet article 6.

Pour justifier de telles mesures, vous vous appuyez à loisir sur l’exemple de nos voisins européens qui, eux aussi, ont engagé une réforme de leur système de retraite.

Mais les comparaisons que vous vous plaisez à souligner sont souvent complètement biaisées !

Depuis des mois, vous claironnez que notre pays est le seul à accorder le droit de partir à la retraite à 60 ans et que, volonté européenne oblige, il doit s’aligner sur les pays voisins. C’est faux ! Si l’on regarde les données publiées par le Conseil d’orientation des retraites, le COR, ou même par l’OCDE, on s’aperçoit que la Belgique, le Canada et le Japon ont un âge de départ à la retraite à 60 ans.

Il en est de même pour l’âge de la pension complète ou le nombre d’années de cotisations. Vous vous appuyez sur notre voisin allemand pour justifier les 41, 5 annuités que vous souhaitez infliger aux salariés, alors que l’Allemagne est pour l’instant à 35 ans, et que les États-Unis ou le Japon sont à 40 ans.

Quoi que vous en disiez, monsieur le ministre, cette réforme va donc à l’inverse de celles engagées par nos voisins.

Elle est l’une des plus dures, le rythme de relèvement des seuils d’âge étant de quatre mois par an. Résultat : en l’espace de six ans, on reculerait de deux ans l’âge de départ et la possibilité de retraite sans décote.

Aucun pays, ni en Europe ni dans le monde, n’a appliqué de tels rythmes. Par exemple, nos amis suédois ont donné le temps au temps en construisant leur réforme sur quatorze années. De plus, contrairement à tous les pays européens, votre réforme cumule l’allongement de la durée de cotisations nécessaire pour toucher une retraite à taux plein, le recul de l’âge et la poursuite de l’abaissement du niveau des pensions, dans la droite ligne des réformes précédentes.

Pourtant, les comparaisons montrent que, par rapport au salaire moyen, le niveau relatif des pensions dans notre pays se situe en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. Il est en effet de 55 % en France, contre 60 % dans les autres pays : les chiffres parlent d’eux-mêmes !

Pourquoi donc nous répéter l’argument de l’alignement sur nos voisins européens, monsieur le ministre, alors que tout démontre que notre système est loin d’être le plus en difficulté ?

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