Intervention de Bariza Khiari

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Bariza KhiariBariza Khiari :

J’en arrive à mon explication de vote, madame la présidente.

J’ai lu au début de l’après-midi ce magnifique poème d’une citoyenne qui nous appelait au secours : « Qu’avons-nous fait pour que vous nous condamniez au travail à perpétuité, condamnées à faire du chiffre jusqu’à en être tristes et à être rentables jusqu’à en perdre l’âme, sans avoir le temps de veiller sur nos aînés et sur nos enfants ? »

Monsieur le ministre, cette femme met en vers votre projet de société, mais, que ce soit en vers ou en prose, vous n’entendez rien !

Mon collègue Jean-Louis Carrère a parlé de la « droite décomplexée », dont vous vous revendiquez avec force. Vous voulez, dites-vous, faire preuve de modernisme, d’anticipation, de vision d’avenir et casser les tabous. Malheureusement, sous prétexte de ce jeu de massacre, vous supprimez un acquis social majeur : la retraite à 60 ans, pour la repousser à 62 ans et, par effet mécanique, pour beaucoup, à 67 ans, sans vous interroger une seconde sur ce que cela implique comme « galère » pour nos concitoyens. Belle politique de civilisation !

Repousser l’âge d’une retraite à taux plein à 67 ans, notamment pour les femmes, est une étape de plus dans le démantèlement de notre « vivre ensemble », cela a été remarquablement dit par Catherine Tasca ce matin.

Nous le répétons : les femmes ont une retraite nettement inférieure à celle des hommes : moins de la moitié d’entre elles mènent une carrière complète, un tiers d’entre elles travaillent jusqu’à 65 ans pour éviter la décote. Et il faudrait les faire patienter jusqu’à 67 ans ? Quelle injustice ! Elles ont des carrières en dents de scie parce qu’elles mettent au monde des enfants qui assureront la retraite de tous. Et, paradoxe, elles sont pénalisées pour cela au moment de leur propre retraite !

Monsieur le ministre, vous découvrez tout à coup l’inégalité salariale et vous voulez faire une loi à ce sujet, encore une ! Mais regardez autour de vous : en dépit d’une loi sur la parité, combien de femmes siègent au Parlement ? Une loi ne fait pas l’égalité, nous le savons tous, mais elle est là pour corriger les grandes inégalités.

En fait, vous nous proposez d’ajouter de l’injustice à l’injustice ; ça, c’est du « lourd » ! Nous voterons résolument contre cet article parce que vous proposez aux Français une vie de « galère », dominée par les théologiens du marché, du grand casino mondial. Nous voterons contre parce que vous avez eu l’inélégance de répondre à Pierre Mauroy qu’il était nostalgique, voire passéiste !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion