Intervention de Françoise Cartron

Réunion du 11 octobre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Françoise CartronFrançoise Cartron :

Madame la présidente, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je ne doute malheureusement pas que, dans quelques instants, va être adopté un article prévoyant le recul de l’âge du départ en retraite pour un très grand nombre de nos concitoyens. Je ne suis pas sûre que ce vote soit très attendu : je crois plutôt qu’il est très redouté.

Il est très redouté par tous ces salariés qui devront travailler plus pour, peut-être, profiter moins de leur retraite. Ils seront en effet usés par les tâches que leur imposent des métiers difficiles, et qui les exposent bien souvent à des dangers ou à des souffrances. Ces citoyens-là, qui aspirent à une retraite bien méritée, ne pourront plus, après le vote de cette réforme, jouir de ce temps de repos auquel ils aspirent après une vie de labeur intense.

Ce vote est très redouté, aussi, par les nombreuses femmes qui se verront pénalisées par votre réforme. Vous nous dites que cela est lié à leur situation dans le monde du travail, caractérisée par de nombreuses injustices. Serait-ce donc parce que ces femmes subissent le temps partiel, parce qu’elles perçoivent des salaires plus maigres et se retrouvent seules pour élever des enfants dans conditions difficiles, que, l’heure de la retraite venue, elles devraient se voir infliger une double peine ? Notre société ne se doit-elle pas d’introduire un peu plus de justice envers ceux qui, tout au long de leur carrière, ont souffert et peiné pour enrichir notre pays ?

Vous prétendez qu’une majorité de Français vous soutient. Je pense au contraire qu’une majorité de travailleurs et de travailleuses, de citoyens et de citoyennes, lorsqu’ils apprendront, ce soir ou demain matin, que l’âge de la retraite est désormais relevé, exprimeront leur colère dans la rue parce qu’ils n’auront pas été entendus. Dans cette France qui produit tant de richesses mais qui, dans le même temps, génère tant d’inégalités, où l’on exhibe l’argent facile avec tant d’indécence, les femmes, les travailleurs pauvres, les salariés effectuant des travaux pénibles sauront que leur avenir promet d’être encore plus difficile et leur sort, encore plus injuste.

Pour toutes ces raisons, je ne voterai pas ce texte.

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