… M. Kadhafi est bien un tyran, qui représente une menace pour sa propre population comme pour la sécurité dans le monde. Il est imprévisible dans ses réactions, avide de richesses, et il se livre au pillage de son propre pays. Il peut même être sanguinaire.
Le régime de M. Kadhafi mérite d’être combattu par les Libyens eux-mêmes. Mais il est des circonstances où ces derniers, qui ne demandent qu’à vivre en paix dans leur pays – un pays dans lequel le monde latin trouve une partie de ses racines –, méritent d’être aidés, et c’est bien à les aider que nous nous employons avec les forces de la coalition.
Certes, l’intervention est difficile, la partie n’est pas simple et un certain nombre de questions se posent aujourd'hui.
Premièrement, les forces de la coalition devaient-elles intervenir rapidement ? À cette question je crois pouvoir d’ores et déjà répondre par l’affirmative, car les voies de la concertation et de la discussion ont été épuisées ces derniers jours.
Par ailleurs, chacun a bien perçu l’urgence extrême pour la population libyenne, au premier chef les habitants de Benghazi et de la Cyrénaïque. Que n’aurions-nous pas entendu, que n’aurions-nous pas dit nous-mêmes, si nous avions attendu ? Chacun sait que les conséquences auraient été dramatiques et irréversibles.
La deuxième question, à laquelle je n’ai pas de réponse immédiate, est celle de la gouvernance de cette opération.
En effet, cette gouvernance ne paraît pas forcément bien établie. Il n’est certes pas judicieux que le commandement soit confié à l’OTAN, mais quelle sera la place des États-Unis dans les prochaines semaines ?
Troisième question : quelle sera l’attitude de la Ligue arabe et de l’Union africaine ? Ces deux organisations ont pris position en faveur de l’intervention, mais il y a eu des critiques concernant le déroulement des opérations. Certains craignent une mise en péril des populations civiles. Nous souhaiterions être rassurés sur ce sujet.
Autre interrogation : que peut-il en être de l’intégrité du territoire libyen et de la stabilité de ce pays dans les prochains mois ?
Enfin, le groupe de l’Union centriste souhaite formuler une remarque sur le rôle de l’Union européenne. Nous regrettons que l’Europe n’ait pas réussi à parler d’une seule voix. Le Conseil européen n’est pas parvenu à un résultat clair. Une position commune n’a pas été élaborée et, finalement, force est de reconnaître l’absence de l’Union européenne en tant que telle dans la coalition.
La France et le Royaume-Uni ont assumé la responsabilité de prendre la tête d’une vaste négociation internationale. Les dirigeants français ont eu le courage de passer à l’acte. Les militaires français sont mobilisés et, à cet instant, nous avons une pensée particulière pour eux, car ils sont directement confrontés aux risques qu’impliquent ces opérations.
Nous ne savons pas, à l’heure actuelle, quelle sera l’issue des opérations militaires. Le sort des Libyens n’est pas encore assuré face à la répression menée par les forces de M. Kadhafi. Mais c’est parce qu’il y va désormais de notre devoir et de notre honneur que le groupe de l’Union centriste se déclare favorable à l’engagement militaire de la France en Libye.