La participation des forces aériennes britanniques et américaines et la mise à disposition des bases aériennes italiennes sont les signes concrets d’un engagement international et européen dans la crise libyenne.
Si l’engagement des forces militaires doit être encore clarifié en termes de commandement, il ne saurait être question à ce stade d’une intervention terrestre en Libye. Aussi, je forme le vœu que nous ne nous laissions pas piéger par des débats fallacieux. La Libye ne sera pas un autre Irak. Rappelons-nous simplement mais fermement que l’objectif est de protéger le peuple libyen contre les roquettes et missiles de son propre régime. Il n’est pas de notre ressort de décider de l’avenir politique de la nation libyenne, mais en tant que puissance responsable, il nous appartient de l’aider dans l’établissement d’une paix civile qui lui permettra de prendre en main, pleinement et librement, son destin politique.
Pour ce faire, l’Europe ne peut se passer du soutien de la Ligue arabe ni de celui de tous les autres pays du bassin méditerranéen. Aucune résolution de crise ne peut se faire sans la réelle implication des puissances régionales. Les opérations conjointes avec l’aviation du Qatar constituent à ce titre, nous semble-t-il, bien plus qu’un symbole. Certes, depuis lundi matin, nous entendons diverses critiques. Mais ces voix s’élèvent contre nos opérations alors même qu’elles connaissent leurs premiers succès.
Permettez-moi tout de même de regretter devant vous, monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre d’État, messieurs les ministres, que la diplomatie européenne n’ait pas parlé d’une seule voix. Je partage le sentiment de François Zocchetto sur ce point. Plutôt que des hésitations, un discours clair et commun de l’Union européenne assurerait mieux sa crédibilité, face non seulement au régime de Kadhafi, mais aussi à tous les autres régimes qui foulent au pied les droits de l’homme. Il en reste encore, qui reçoivent d’ailleurs des visites.
Le sommet de Paris pour le soutien au peuple libyen témoigne du profond respect du droit et des institutions internationales du Président de la République. Il est la preuve de sa détermination à permettre au peuple libyen de vivre et de réaliser ses aspirations démocratiques. Celles-ci sont bafouées par un « guide », qui se livre depuis plus d’un mois à une répression meurtrière contre son propre peuple.
Depuis le 15 février dernier, le colonel Kadhafi n’a cessé de sacrifier les droits les plus élémentaires de son peuple à s’exprimer et à disposer de lui-même. Les différentes réunions, de New York à Genève, ont été autant de mains tendues à ce régime pour que cessent les violations des principes auxquels le pays avait pourtant souscrit, en tant que membre non permanent, depuis 2007, du Conseil de sécurité de l’ONU.
La gravité de la résolution 1973 est à la mesure de l’attitude de Kadhafi, qui est prêt à conduire son peuple à la guerre civile et sa nation au suicide. Le vote de cette résolution était loin d’être acquis et la menace d’un veto fort grande. Les télévisions en ont suffisamment parlé pour que nous ayons encore cet épisode en mémoire.
À ce titre, notre groupe se félicite de la pugnacité de notre diplomatie et de l’action de M. Alain Juppé, ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes. Il faut, surtout dans les moments de crises, que des chefs d’État convainquent leurs homologues d’agir ensemble, afin de bâtir un ordre juridique international respectueux de la personne humaine. C’est ce qu’a réussi à faire le Président de la République Nicolas Sarkozy.
Cela irrite peut-être certains, mais c’est la deuxième fois depuis le début de son mandat que le Président de la République, par son initiative et sa force de conviction, joue un rôle majeur dans la solution d’une crise internationale. En 2008, en tant que président en exercice de l’Union européenne, il avait su mobiliser nos partenaires européens pour régler avec la Russie la crise en Géorgie.