Sur tous les autres points, comme je l’ai déjà indiqué, l’Union européenne a pu trouver des bases d’accord et est mobilisée.
Au-delà de la crise libyenne, elle se mobilisera également pour accompagner le vaste mouvement qui se dessine au sud de la Méditerranée. Hier, j’ai eu un long entretien avec le commissaire chargé de l’élargissement et de la politique de voisinage. L’Union est bien d’accord pour renforcer toute une série de dispositifs techniques, tels la Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat, le fonds de voisinage et un certain nombre de crédits communautaires.
Permettez-moi, mesdames, messieurs les sénateurs, d’ouvrir une courte parenthèse à propos de la Tunisie et, plus particulièrement, de l’Égypte, car m’étant rendu dans ce dernier pays, j’ai peut-être une meilleure perception de sa situation.
La transition démocratique qui est à l’œuvre dans ces pays va se heurter à un défi majeur : la transition économique, si je puis dire, ou plus simplement la crise économique. En Égypte, les données du problème sont relativement simples, au risque de les caricaturer quelque peu. Dans la vallée du Nil, le taux de fréquentation des hôtels est tombé à 15 %. Or le tourisme est l’une des ressources majeures de l’économie égyptienne : il lui rapporte un milliard de dollars par mois. Dans le même temps, des centaines de milliers de réfugiés rentrent de Libye, où ils travaillaient et d’où ils envoyaient des « remises » importantes pour le fonctionnement de l’économie égyptienne.
Parallèlement, les Égyptiens qui ont fait la révolution veulent en toucher les bénéfices et réclament aux entreprises égyptiennes des augmentations de salaire.
Vous voyez la difficulté à laquelle est aujourd’hui confrontée l’Égypte, menacée par cette crise économique majeure. Si l’Europe ne s’investit pas massivement pour aider le pays à franchir ce cap, le processus de transition démocratique sera compliqué. Sans vouloir envisager un scénario catastrophe, on peut penser que certains mouvements extrémistes qui, aujourd’hui, se sont mis en réserve, pourraient tout à fait exploiter ce type de difficultés. Il en est de même en Tunisie. Voilà pourquoi il nous faut nous investir massivement.
Au-delà du court et du moyen terme, il faut relancer une vision de plus long terme sur le sud de la Méditerranée.
Au risque de surprendre, voire de choquer certains d’entre vous, je répète que l’initiative de l’Union pour la Méditerranée était visionnaire et anticipatrice.