Intervention de Paulette Brisepierre

Réunion du 1er octobre 2004 à 16h00
Allocution de la présidente d'âge

Photo de Paulette BrisepierrePaulette Brisepierre, présidente :

Des pistes d'un optimisme raisonnable et raisonné existent. Il y en a en France, mais également en Europe. Même si l'Europe à vingt-cinq ne sera pas facile à vivre tous les jours, ce mouvement de rapprochement de notre vieux continent lui permettra sans doute de ne pas devenir un « petit cap du continent asiatique », comme le redoutait Paul Valéry.

Et nous serons plus forts demain qu'aujourd'hui, à condition d'avoir le réflexe de chercher ce qui nous rapproche plutôt que ce qui nous divise.

Isaac Newton disait : « Avec les pierres, les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. » L'actualité pourrait illustrer son propos.

Mais on peut également le prendre à contre-pied : le premier mur de la honte a été détruit en 1989, le pont de Mostar rebâti en juillet dernier et celui de Srebrenicza voilà un peu plus d'un mois.

Il ne s'agit en aucun cas de nier les difficultés et les nouveaux défis qui nous sont apparus ces derniers temps, avec en tête le terrorisme et l'humiliation de certains peuples, humiliation, qui plus que tout, engendre la haine, ou la terrible menace d'une fracture pourtant injustifiée entre le monde judéo-chrétien et l'islam.

Il s'agit simplement de rappeler que le monde a vécu d'autres époques dramatiques avec presque toujours une éclaircie, après les années sombres.

Alfred de Musset ne disait-il pas : « Les larmes du passé fécondent l'avenir. » ?

Finalement, c'est notre vocation et notre devoir de représentants de la nation, de femmes et d'hommes responsables de ne jamais sacrifier au pessimisme.

Car pourquoi nous sommes-nous présentés ?

Pour donner un sens supplémentaire à notre vie, pour apporter notre pierre à l'édifice de l'intérêt général, pour détruire des murs et construire des ponts, pour faire en sorte que l'avenir de nos enfants soit porté par le progrès et par l'espoir.

Dans les Confessions d'un enfant du siècle, Alfred de Musset, écrivait, à propos de son époque, située au carrefour de la Révolution et de la Restauration : « Tout ce qui était n'est plus ; tout ce qui sera n'est pas encore. Et l'on ne sait, à chaque pas, si l'on marche sur un débris ou sur une semence. »

Notre époque incertaine, qui a vu s'écrouler voilà quelques années un système international né de la guerre froide, et qui est confrontée à l'émergence de défis inédits ressemble à ce que l'auteur de Lorenzaccio disait de son temps.

Alors, mes chers collègues, c'est à nous d'accepter ce qui n'est plus, mais c'est à nous surtout qu'il appartient de construire ce qui sera, à nous de détruire les murs de haine, et de bâtir les ponts d'espoir, à nous de savoir semer les graines vivaces de l'avenir, afin que le monde que nous préparons à nos enfants soit digne de leurs rêves.

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