Intervention de Pierre Laffitte

Réunion du 4 juillet 2007 à 15h00
Politique générale — Débat et vote sur une déclaration du gouvernement

Photo de Pierre LaffittePierre Laffitte :

Vous avez, monsieur le Premier ministre, évoqué la nécessité, dans ce monde désormais mondialisé, d'une rupture constructive ; une nécessité que le président Nicolas Sarkozy a eu l'audace de formuler et qui s'est traduite par la définition, avec vous, d'un programme. C'est ce programme que les Français ont largement plébiscité, au point que la vague rose qui avait submergé la France lors des élections régionales a reflué.

Ingénieur de formation, géologue minier de profession, j'ai depuis plus de quarante ans la passion de faire entrer la France dans la société du savoir qui doit remplacer, dans les pays riches, la société fondée sur la seule industrie et sur les capitaux. J'ai agi en ce sens dans l'enseignement supérieur, à l'école des Mines ; dans l'aménagement du territoire et son attractivité, à Sophia-Antipolis ; en faveur de la recherche et de l'innovation, au sein de la commission des affaires culturelles du Sénat.

Analyser, observer et conclure sans dogmatisme, c'est une démarche familière, en particulier pour les membres de mon groupe, le Rassemblement démocratique et social européen, et, d'une façon générale, pour le Sénat.

J'ai observé que la France, grâce à la campagne présidentielle - et sans doute aussi grâce au programme de rupture -, a repris goût à la chose publique. C'est heureux !

Je reviens d'un congrès des parcs scientifiques mondiaux à Barcelone. La Catalogne et sa capitale sont des modèles de rupture dynamique et constructive. On y trouve une effervescence de créativité et une dynamique culturelle prodigieuses, des programmes associant pouvoirs publics et investissements privés tant près du port et de l'aéroport de Barcelone, dans l'immense zone franche du sud-ouest, qu'à proximité du village olympique, au nord-est, où une gigantesque zone d'innovation liée à la reconversion de friches industrielles est en cours de réalisation, ou près de la Sagrada Família, symbole mythique et mystique, ou encore à proximité de la future gare TGV Paris-Barcelone-Madrid, ce qui prouve bien, au passage, que les Catalans ont envie de Paris, ont besoin de la France.

Ces programmes peuvent paraître délirants, mais ils sont à la taille des défis que l'Europe, plus particulièrement l'Europe du sud, veut relever et qu'elle relèvera, grâce au retour de la France.

J'évoquerai maintenant les ruptures qui sont déjà en cours, et que l'on peut donc analyser.

Première rupture : le retour de la France en Europe.

Il constitue un succès inattendu, presque inespéré, et salué par tous nos amis européens avec un soulagement que la presse nationale a trop peu évoqué. C'est en revanche avec voracité qu'elle aurait parlé d'un éventuel échec.

En tant que membre du seul groupe parlementaire qui se qualifie unanimement d'« européen », je ne peux qu'applaudir. Je souhaite d'ailleurs que ce retour s'accompagne d'une action forte en faveur de la constitution d'un espace européen de l'innovation et aussi d'une action visant à mettre en place une fiscalité uniforme, notamment en matière de patrimoine et de droits de succession.

Deuxième rupture majeure : l'ouverture.

Cette ouverture fait penser à la façon dont Charles de Gaulle a constitué le premier gouvernement d'après-guerre. Vous avez, monsieur le Premier ministre, choisi de proposer au Président de la République un premier, puis un deuxième gouvernement d'ouverture, en choisissant des hommes et des femmes en fonction de leurs compétences. La population française, dans son ensemble, y est largement favorable.

Je sais que certains parlementaires de notre majorité sont réservés. Mais vous aviez prévenu : lors de votre discours à Nice, vous avez dit qu'il fallait « non pas vaincre, mais convaincre ». Vous y réussissez vis-à-vis des forces vives et de l'immense majorité des Français.

Je regrette, certes, que l'opposition soit encore crispée et qu'elle dénonce ceux qui participent à la nécessaire action de relance du pays.

Qu'on me permette de rappeler que, lorsque le président du groupe du RDSE, Jacques Pelletier, est entré dans le gouvernement de Michel Rocard, nul n'a trouvé cela anormal, à droite comme à gauche. Je souhaite que, d'ici peu, nous puissions compter sur une opposition modernisée et, à l'instar des grands partis de gauche européens, débarrassée de dogmes vieux d'un siècle.

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