Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, au moment où nous discutons du budget de l'agriculture, la profession viticole s'apprête, de nouveau, à manifester dans plusieurs villes pour exprimer sa colère et demander l'aide des pouvoirs publics. La nouveauté, aujourd'hui, c'est que la crise est générale : elle touche toutes les régions, ou presque, et pas seulement le Languedoc-Roussillon.
L'autre caractéristique, c'est que la baisse des prix s'étend désormais aux vins classés d'appellation d'origine, au-delà de la traditionnelle mévente des vins de table. Il semble qu'elle commence à affecter même les vins de cépage, qui avaient le vent en poupe, notamment les Chardonnay, Sauvignon, Viognier, c'est-à-dire des vins blancs dont le marché est aujourd'hui mal orienté.
Des vendanges abondantes dans tous les pays européens ont aggravé le marasme et le désarroi s'installe, comme j'ai pu l'observer.
La semaine dernière, j'étais dans un petit village du Minervois, aux confins de l'Aude et de l'Hérault. J'ai constaté avec inquiétude que des exploitants ayant axé leur activité sur la viticulture de qualité et la commercialisation en bouteille doutaient de l'avenir de leur métier. Si leurs doutes venaient à être confirmés, les conséquences seraient désastreuses, et pas seulement pour leurs familles ; les communes rurales en seraient gravement affectées.
Disant cela, je n'oublie pas qu'une autre partie des vins d'appellation, y compris en Languedoc-Roussillon, continue à tirer son épingle du jeu, malgré la concurrence sévère sur le marché international, et je m'en réjouis. Bref, aujourd'hui, la situation est contrastée, insaisissable, alors que la hiérarchie des pays viticoles connaît de profondes et rapides mutations.
Quelles mesures conjoncturelles et de moyen terme comptez-vous prendre, monsieur le ministre, pour faire face à cette situation, car il y a urgence ? Je formerai par ailleurs le souhait plus général que vous dressiez le bilan des réformes de l'organisation de ce secteur, qui font l'objet d'un débat depuis une dizaine d'années.
Au nom de la commission des affaires économiques, Gérard César, Roland Courteau et moi-même nous avons présenté, en 2002, un rapport sur l'avenir de la viticulture française, bien accueilli par la profession. M. Gaymard, alors ministre de l'agriculture, s'était engagé à faire avancer quelques-unes des idées-force de ce texte. Je les rappelle : amélioration de la force de frappe commerciale de la viticulture française sur le marché international ; réorganisation interne du secteur grâce au financement de la jachère qualitative ; renforcement du lien entre viticulture et tourisme, en collaboration avec les collectivités territoriales ; enfin, défense de la dimension culturelle du vin, trop souvent confondu avec les boissons alcoolisées de type industriel.
Sur tous ces sujets, nous aimerions avoir un bilan d'étape à mi-parcours de la législature. La viticulture a besoin de retrouver une lisibilité et seul l'Etat, s'appuyant sur la profession et les collectivités territoriales, peut la fournir. Nos régions viticoles doivent cesser d'être les mal-aimées de l'Europe et parfois de la nation ; cela dure depuis si longtemps !
Je voudrais, avant de conclure, évoquer d'un mot l'avenir incertain des abattoirs communaux. J'y reviendrai sans doute à propos de l'article 71, mais je tiens à signaler dès à présent le cas d'un abattoir de mon département, remis aux normes récemment, et dont l'insuffisance des rentrées financières s'ajoutant à l'aggravation des charges, notamment fiscales, pèse sur son budget. Que faut-il faire pour sauver cet outil de travail tout en lui assurant l'équilibre financier, sans recourir à une contribution de la commune, ce qui serait injuste ?
Telles sont les questions que je souhaitais poser au cours de ce débat, afin de relayer l'inquiétude qui grandit au sein de la viticulture, notamment dans l'Hérault. Nous attendons de vous, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, des réponses rassurantes qui permettent à nos vignerons de continuer à aller vers le seul avenir qui vaille, celui d'une viticulture de qualité.