Intervention de Michelle Demessine

Réunion du 2 novembre 2004 à 9h30
Questions orales — Report annoncé du projet de commissariat central de lille

Photo de Michelle DemessineMichelle Demessine :

Monsieur le ministre, je souhaite interroger le Gouvernement sur l'incertitude qui pèse encore sur la construction, à Lille, d'un nouvel hôtel de police.

Avec plus d'un million d'habitants et plus de 100 000 crimes et délits traités par an, la sécurité publique des circonscriptions de Lille, Roubaix, Tourcoing et Armentières est comparable à celle de Marseille et de Lyon.

En raison du manque de moyens humains et matériels qui caractérise nos territoires, les populations concernées vivent dans des conditions de sécurité difficiles, comme cela a été indiqué par les maires, élus et parlementaires concernés à M. Dominique de Villepin, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, lors de sa visite à Lille le 22 octobre dernier.

Ainsi, sur le terrain, nous constatons une augmentation sensible de la délinquance de voie publique : ces faits ont augmenté de 11, 5 % dans la circonscription de Lille entre août 2003 et août 2004.

Pourtant, durant cette période, les villes ont accompli des efforts significatifs en accroissant les effectifs de la police municipale : 10 agents supplémentaires à Lille, 20 à Roubaix, 18 à Mons, 14 à Wattrelos, etc.

Je voudrais rappeler que, en dépit des charges qui pèsent sur une métropole telle que Lille - garde des bâtiments administratifs, garde du tribunal de grande instance, police des audiences, escorte de prévenus ou de détenus, police des transports, services et maintien de l'ordre, proximité des frontières belge et hollandaise, etc -, l'effectif du district- 2604 agents - reste inférieur d'environ 400 policiers à celui des secteurs de Lyon et de Marseille.

Cette situation est du reste aggravée par la perte de plus de 150 postes, en raison de la disparition des adjoints de sécurité.

Cette insuffisance de moyens et d'effectifs conduit à des situations qu'il ne serait pas excessif de qualifier d'aberrantes voire de grotesques, s'il ne s'agissait de la sécurité de nos concitoyens les plus vulnérables.

C'est ainsi que la majorité des bureaux de police dans le district lillois sont désormais obligés de fermer entre midi et quatorze heures, faute d'agents disponibles.

Certains bureaux de police, comme ceux de Roubaix, sont même fermés le week-end, voire l'été.

A Wattrelos, par exemple, l'un des postes de police ne compte plus qu'un agent au lieu de onze voilà deux ans. Cet agent n'est d'ailleurs pas habilité à recueillir les plaintes.

Enfin, faute de voitures de police disponibles, les agents municipaux sont parfois amenés à conduire eux-mêmes des fonctionnaires de la police nationale de leurs bureaux vers les lieux d'infraction.

Vous comprendrez, monsieur le ministre, au regard de ces quelques exemples, que, dans certains de nos quartiers, l'exaspération des habitants soit à son comble.

L'absence de la police, conjuguée à l'impunité de certains délits, contribue à développer un sentiment légitime d'insécurité dans nos quartiers, alors que les thèmes sécuritaires constituaient le credo du prédécesseur de l'actuel ministre de l'intérieur.

En conséquence, je peux vous assurer que les atermoiements relatifs à la construction du nouvel hôtel de police, prévu à Lille depuis 1998 et attendu par l'ensemble des policiers de notre district, sont très mal perçus non seulement par les professionnels de police, compte tenu de leurs conditions de travail, mais également par les populations, qui ne comprennent pas que, en dépit des annonces et du grand panneau planté sur le terrain situé aux portes du quartier de Lille sud, ils ne voient toujours aucun engin de chantier.

Faut-il vous rappeler, monsieur le ministre, que trois gouvernements successifs ont fait du nouvel hôtel de police de Lille une priorité, que la ville de Lille a cédé à l'Etat, pour l'euro symbolique, un terrain de 17 000 m², que cet hôtel, décidé en 1997, devait voir le jour en 2006 et que tout est prêt sur place pour qu'il en soit ainsi ?

Nous redisons, monsieur le ministre, ainsi que l'a indiqué Mme la maire de Lille, Martine Aubry, au ministre de l'intérieur, lors de sa visite, que le choix de la ville de Lyon comme ville prioritaire pour la construction d'un hôtel de police - avec des engagements budgétaires pour 2005, alors que celui de Lille n'y figure que pour des crédits d'études - nous paraît injuste et ne respecte pas un engagement de la République.

Monsieur le ministre, je ne doute pas que le Gouvernement, sensibilisé par les propos tenus unanimement, sur tout l'échiquier politique de l'agglomération lilloise, à M. de Villepin signifiera sa volonté de voir le chantier démarrer au plus vite.

Qu'en est-il après la visite du ministre de l'intérieur à Lille ? La parole de l'Etat va-t-elle être respectée ? Quand l'hôtel de police va-t-il pouvoir être inauguré et accueillir les trente-six services dispersés dans l'agglomération et les 1700 policiers ? En 2006 ? En 2007 ? En 2008 ?

Une réponse claire de votre part représenterait un signe fort et salutaire pour les populations, pour les fonctionnaires de police.

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