Intervention de Valérie Létard

Réunion du 2 novembre 2004 à 9h30
Questions orales — Approvisionnement en acier des entreprises métallurgiques

Photo de Valérie LétardValérie Létard :

Un grand quotidien économique titrait la semaine dernière : « La sidérurgie mondiale tout feu, tout flamme » pour évoquer la crise du marché de l'acier. Effectivement, monsieur le ministre, il y a bien le feu dans la maison pour des pans entiers de notre industrie métallurgique confrontée depuis deux ans à des hausses de prix de plus en plus vertigineuses.

Pour la période comprise entre les mois de décembre 2003 et d'août 2004, les augmentations relevées par la Fédération des industries mécaniques peuvent atteindre 63 %.

Si l'on exclut temporairement les constructeurs automobiles protégés par des contrats pluriannuels arrivant à échéance en 2005, toutes les autres entreprises se trouvent confrontées à une augmentation très forte de leur principale matière première. Pour certaines d'entre elles, en effet, l'acier peut représenter jusqu'à 50 % du prix de leur produit. Dans certains cas, il leur est impossible de répercuter ne serait-ce qu'une partie de ce coût supplémentaire sur leurs prix de vente.

Pis encore, la pression exercée sur la demande d'acier peut engendrer des pénuries empêchant certaines entreprises de travailler. Il en est ainsi, en particulier, de celles qui doivent s'approvisionner sur le marché « spot », c'est-à-dire en recourant à des contrats à trois mois.

La cause la plus régulièrement mise en avant pour expliquer ce dérèglement du marché de l'acier réside dans le « décollage » de l'économie chinoise qui a largement pesé sur le marché mondial ces dernières années. Au cours de la seule année 2003, la demande chinoise a augmenté de 38 millions de tonnes, soit l'équivalent de la consommation du Mexique et du Canada réunis.

Toutefois, cette explication ne saurait suffire à elle seule. Ainsi, depuis trois mois, l'on peut constater une décélération notable des importations d'acier chinoises. Pourtant, les prix restent toujours fortement orientés à la hausse.

Dans ce contexte difficile dont rien ne peut laisser penser qu'il se stabilise prochainement, les entreprises métallurgiques de notre pays sont, comme vous le savez, monsieur le ministre, très inquiètes, estimant à juste titre que les répercussions qu'elles pourraient être amenées à demander sur le prix de leurs produits inciteront certains de leurs clients à se tourner davantage vers la concurrence étrangère, en particulier vers des pays pratiquant des coûts peu élevés.

A terme, et si cette situation devait perdurer, c'est toute notre industrie métallurgique qui se trouverait fragilisée.

Les industriels concernés se sont adressés au Gouvernement pour lui demander de se préoccuper de cette question. Une table ronde s'est tenue voilà une dizaine de jours autour de M. Patrick Devedjian, ministre délégué à l'industrie, pour étudier « une meilleure gestion de la hausse des prix de l'acier ».

Monsieur le ministre, à quelles décisions concrètes ces discussions ont-elles abouti ? Par ailleurs, à l'instar des mesures prises par la Belgique, envisagez-vous d'inciter les donneurs d'ordres de marchés publics à examiner les difficultés de leurs fournisseurs au cas par cas pour les marchés en cours d'exécution et de demander aux producteurs d'acier européens de fournir en priorité leurs marchés ? Quels seront vos axes d'action et, surtout, à quelle échéance seront-ils mis en oeuvre ?

Pour ne citer que le Valenciennois, de nombreux fournisseurs de notre pôle ferroviaire sont touchés par cette crise. Il serait souhaitable que les mesures de soutien qui pourraient éventuellement être prises n'interviennent pas trop tard.

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