Intervention de Claude Biwer

Réunion du 28 mai 2009 à 22h00
Réforme de l'hôpital — Article 15

Photo de Claude BiwerClaude Biwer :

Je souscris tout à fait aux propos que vient de tenir Hervé Maurey ; tous les habitants des départements reculés connaissent les problèmes qu’il a évoqués.

Mes chers collègues, je me trouvais cet après-midi dans le département dont je suis l’élu et je pensais à ces mesures incitatives qui figurent dans le projet de loi et que nous sommes en train d’évoquer. Comme j’étais pressé d’arrivé, j’ai pris précipitamment le TGV et je n’ai pas eu le temps d’alimenter le parcmètre pour payer le stationnement de ma voiture. Demain, je devrai donc acquitter quatorze euros, ou alors régler un procès-verbal de… onze euros.

La philosophie des mesures que l’on nous propose est à peu près la même : on menace les médecins qui refusent de s’installer dans les zones rurales d’une amende de quelque 2 200 euros !… Une telle pénalité leur coûterait moins cher que le manque à gagner lié à l’installation dans ces territoires, ce qui est tout de même dommage ! Il faudrait donc mettre en place – j’y insiste à mon tour – d’authentiques mesures incitatives.

Madame la ministre, pardonnez la liberté de mes propos, mais vous m’avez prouvé régulièrement par le passé, à travers certains rapports ou dans vos interventions, que vous saviez prendre des mesures courageuses. Or, malheureusement, lorsqu’elles passent dans les assemblées, ces mesures deviennent des « mesurettes », qui n’ont plus aucune signification car elles ne sont plus du tout incitatives. La situation doit changer !

Bien sûr, on reconnaît – les statistiques le montrent – que certains départements connaissent des difficultés. Toutefois, rien n’est fait pour les aider, et quand ils progressent, c’est au même rythme que le reste du pays, sinon moins vite ! Ce n’est pas ainsi, me semble-t-il, que nous parviendrons au rééquilibrage de notre territoire, pour lequel nous nous battons depuis longtemps.

Je le constate également, face au manque de dynamisme local de la médecine, qui n’est pas compensé à l'échelle nationale, des circuits parallèles commencent à se mettre en place.

En tant qu’élu d’un département frontalier, proche de l’Allemagne, du Luxembourg et de la Belgique, j’observe que des filières spécialisées se constituent, pour faire venir de l’Europe de l’est des professionnels de santé – médecins, infirmières ou autres – qui sont très heureux de s’installer en France, y compris en milieu rural.

Bien sûr, on murmure que dans les pays d’où viennent ces professionnels la qualité d’enseignement n’est pas la même et que les diplômes n’ont pas forcément la même valeur qu’en France. Peut-être ! Mais est-ce mieux de n’avoir personne pour se soigner ? La véritable question est là.

C'est pourquoi j’ai déposé cet amendement, qui vise à accélérer la mise en place du dispositif prévu. À ceux qui veulent attendre, je réponds que, si nous voulons saisir cette occasion d’avancer, la loi doit s’appliquer dès qu’elle est votée, et non dans cinq ou six ans !

Le monde rural a besoin d’un nouvel élan. Il a besoin de dynamisme dans tous les domaines, et en particulier dans celui-ci. Mes chers collègues, il vaut mieux parfois être moins bien soigné que pas du tout !

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