Au moment de l'adhésion de l'Espagne et du Portugal, et en dépit des vives craintes qui s'exprimaient alors, Jacques Delors avait su faire partager une ambition forte : la perspective du marché unique s'accompagnait d'une politique volontariste de cohésion.
Au lendemain de l'élargissement à vingt-cinq, et à la veille d'arrêter le cadre financier pluriannuel, l'Europe se trouve face à un enjeu : le développement de nouvelles politiques en faveur de la croissance et de l'emploi. La définition des priorités et des projets de l'Union européenne, l'affirmation des solidarités vis-à-vis des nouveaux membres doivent inspirer le cadre budgétaire. Or le risque existe que des engagements financiers insuffisants conduisent à la renationalisation de certaines politiques aujourd'hui communes.
On est en droit de s'interroger, madame la ministre, sur les conséquences de la position prise par le groupe des six pays signataires, en l'occurrence les six contributeurs nets les plus importants, dont la France, demandant la stabilisation du budget de l'Union à 1 %. Cette position n'a-t-elle pas une double conséquence inévitable, à savoir compromettre la réussite de l'initiative européenne de croissance et empêcher le développement des pays qui viennent de rejoindre l'Europe ?