En troisième lieu, concernant toujours la méthode, il est un peu bizarre d'accorder des crédits de pré-adhésion alors que, le 17 décembre prochain, s'ouvrira la discussion sur une éventuelle ouverture de négociations : c'est mettre la charrue avant les boeufs !
C'est aussi une question de cohérence, car, vous l'avez compris, mes chers collègues, se pose, avec la Turquie, un problème de masse critique.
La Turquie, de par son extension à l'Union européenne, est sans équivalent. Elle représente un quantum d'élargissement qui représente celui des dix pays de l'Est que nous avons à « digérer » depuis le mois de mai dernier. Or la Turquie, si elle était intégrée, serait à la fois le premier débiteur, en tout cas le premier demandeur de fonds - M. le rapporteur spécial a avancé le chiffre, que personne d'ailleurs ne peut vérifier, de 25 milliards d'euros, ce qui est considérable puisque cela représente un quart du budget européen - alors qu'elle se trouverait en situation de décideur de premier rang à travers la nouvelle architecture institutionnelle contenue dans le traité constitutionnel de l'Union.
Dans le même temps, M. Jacques Chirac, Président de la République, a adressé, avec cinq autres chefs d'Etat, une lettre au président de la Commission pour limiter à 1 % du PIB de l'Union la contribution de l'ensemble au budget de la communauté.
Très honnêtement, comment souhaiter, aujourd'hui, l'adhésion de la Turquie et en refuser, pour demain, les conséquences financières, alors que, comme l'indiquait notre excellent rapporteur général, nous sommes en période de vaches maigres et que nous devons nous serrer la ceinture ?
Comment voter aujourd'hui des crédits de pré-adhésion, alors que nous savons déjà que nous sommes incapables de faire face, demain, à l'adhésion de la Turquie ?