Intervention de Jacques Blanc

Réunion du 1er décembre 2004 à 10h00
Loi de finances pour 2005 — Article 43

Photo de Jacques BlancJacques Blanc :

N'accusons pas la Turquie de faiblesses européennes, car ce serait particulièrement injuste.

Il existe, ensuite, une ignorance de la réalité de la Turquie. Certains affirment qu'elle est européenne, d'autres non. Mes chers collègues, depuis quarante ans, l'Europe a reconnu à la Turquie sa vocation européenne. Il est écrit, dans les accords de 1963, que la Communauté européenne, qui comptait six membres, s'engage à apporter son appui pour faciliter ultérieurement l'adhésion de la Turquie. Ainsi, pendant quarante ans, malgré les situations politiques qui ont bloqué le processus - rappelez-vous le coup d'Etat militaire -, personne n'a jamais remis en cause la vocation de la Turquie à adhérer à l'Europe.

L'Europe a donc pris des engagements. La Turquie y a cru et s'est elle-même engagée, en particulier ces dernières années, dans la voie de réformes courageuses et difficiles pour respecter les principes mêmes de la démocratie, pour déboucher sur une vraie démocratie, respectueuse à la fois de la dignité des personnes, des droits de l'homme et de la place des femmes. La Turquie a enclenché un mouvement en profondeur. Aujourd'hui, il s'agit pour l'Europe, non pas de dire oui à l'adhésion, mais de confirmer les engagements pris depuis quarante ans et d'ouvrir des négociations.

Je souhaite que ces négociations, qui ne déboucheront pas avant dix ou quinze ans, puissent aboutir à une situation en Turquie qui permette son adhésion. Je souhaite que l'Europe puisse l'accueillir, mais, aujourd'hui, je le répète, nous décidons, non pas de l'adhésion, mais du respect de l'engagement de l'Europe.

Quels que soient les présidents de la République, quels que soient les gouvernements, la France a participé à l'engagement de l'Europe et a fait entendre sa voix.

Au moment où doivent s'ouvrir les négociations, je souhaite que, dans le respect du peuple turc et des engagements de l'Europe, ces négociations soient légitimes et respectent les positions des uns et des autres. Je souhaite que la Turquie puisse être amenée à enraciner définitivement son mouvement de réformes, à résoudre le problème lié à Chypre et à reconnaître le drame arménien.

Nous pouvons aboutir à une évolution profonde et déboucher ainsi sur une chance supplémentaire pour l'Europe, pour la paix, et pour ce message d'humanisme que l'Europe a toujours porté.

Je souhaite que, dans la sérénité, nous puissions rassurer, pour dissiper le vertige et les angoisses, et, surtout, pour sortir de cette ignorance qui empêche d'avoir des discussions sereines et, je l'espère, très positives pour l'Europe.

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