Intervention de Philippe Dominati

Réunion du 7 avril 2009 à 15h00
Développement et modernisation des services touristiques — Discussion d'un projet de loi texte de la commission

Photo de Philippe DominatiPhilippe Dominati :

Vous avez rappelé, comme d’autres, l’importance du tourisme dans notre pays : entre 6 % et 7 % de notre produit intérieur brut. La France est la première destination touristique du monde.

Vous avez posé un diagnostic malheureusement lucide, qui laisse entrevoir, ici ou là, un certain nombre de faiblesses. Ce diagnostic est partagé par Mme le rapporteur, qui, au nom de la commission des affaires économiques, a souligné les faiblesses de l’activité, de la capacité hôtelière, de la compétitivité de nos agences de voyage, faiblesses qui laissent apparaître que, si nous ne faisons rien, le secteur touristique, qui est essentiel pour l’économie du pays, connaîtra un certain nombre de difficultés.

Face à un tel diagnostic, le projet de loi que vous nous proposez comporte quatre mesures principales. Je ne les rappellerai pas ; elles ont déjà été exposées et largement plébiscitées par un grand nombre d’orateurs, tant elles étaient attendues par les professionnels.

Je reviendrai, en revanche, sur les dispositions annexes qui complètent ce texte et qui sont relatives aux voitures de grande remise et au timeshare, ainsi que sur quelques sujets qui ne sont pas évoqués spécifiquement dans ce projet de loi, mais qui nécessitent d’être abordés lorsque nous parlons de tourisme.

Bien que l’ensoleillement de l’Île-de-France soit moindre qu’à Marseille, monsieur Gaudin, je me dois, en tant qu’élu parisien, d’attirer l’attention sur ces points qui me semblent spécifiques.

Tout d’abord, Paris demeure la capitale la plus visitée au monde, mais l’activité touristique de notre ville a incontestablement fléchi et d’une manière beaucoup plus inquiétante que l’activité nationale. Un certain nombre d’études parviennent au même constat. Même si l’on peut mettre en doute la crédibilité d’études émanant bien souvent d’agences anglo-saxonnes, il n’en reste pas moins vrai qu’il existe un réel problème à Paris et dont la responsabilité revient d’abord à la municipalité parisienne.

En effet, pendant des années, cette dernière n’a pas porté une attention particulière au développement économique, ce qui se ressent bien évidemment sur la capacité hôtelière de Paris. Certes, un grand nombre d’hôtels sont en construction. La création d’un label spécifique « Palace » proposée par la commission est donc une bonne chose pour la capacité hôtelière de Paris.

Le deuxième point que je souhaite aborder concerne les transports dans la capitale. Le nombre de taxis y est beaucoup moins important que dans un certain nombre d’autres villes ; je pense en particulier à Londres ou à New-York. Le réseau de transports collectifs est très développé, mais il demande à être modernisé.

Des décisions s’imposent, notamment pour résoudre, à terme, avec le préfet de police, le problème essentiel des taxis parisiens. Des initiatives ont déjà été prises, concernant par exemple les motos-taxis.

Le troisième point concerne la place internationale de Paris, avec Aéroports de Paris : un client occupe environ 50 % de la capacité d’accueil. Manifestement, d’après les études qualitatives réalisées, les capacités d’accueil d’Aéroports de Paris ne sont pas conformes à ce que l’on peut attendre d’un tel établissement sur le marché international. Monsieur le secrétaire d’État, cette préoccupation m’amènera, avec un certain nombre de mes collègues, à demander au Gouvernement un rapport sur l’activité d’Aéroports de Paris.

J’aborderai enfin un sujet que certains, ici, trouvent déplacé, celui du travail le dimanche. Mais il est difficile de constater que la situation n’est pas aussi satisfaisante qu’on le souhaiterait sans parler de la faculté de travailler le dimanche dans un certain nombre d’activités.

J’ai déposé des amendements sur ce sujet, qui ne date pas d’hier. J’ai écouté les propos tenus par Mme le rapporteur en commission et à la tribune tout à l’heure, mais il me semble nécessaire de discuter de cette question pour trouver, peut-être, des chemins de passage. Si tel ne devait pas être le cas, je veillerais à ce que le présent texte permette de donner un élan nouveau au tourisme en France, notamment en Île-de-France. Je ne souhaite pas rompre le consensus ; pour autant, il ne doit pas y avoir de tabou, or certaines interventions m’ont paru, sur ce point, quelque peu excessives. Le problème est réel, et c’est à juste titre que M. Maurey a souligné, à propos de Paris, qu’aucune autre capitale au monde ne connaît une situation aussi figée.

D’autres sujets n’ont pas été abordés, par exemple celui de l’environnement. En matière de tourisme fluvial, les comparaisons internationales ne sont pas favorables à Paris et à la Seine, dont l’état ne correspond pas tout à fait à l’image romantique qu’en ont les Chinois… Dans le même ordre d’idées, on constate que la place des Vosges se transforme peu à peu en camping sauvage !

Je souhaite que ces thèmes ne restent pas tabous et que la discussion des amendements soit l’occasion de les évoquer.

Quoi qu’il en soit, ce projet de loi mobilise des moyens et permettra de redonner confiance au secteur du tourisme. Pour ma part, je salue, monsieur le secrétaire d’État, votre pragmatisme et votre vision économique des choses. Trop souvent, les Français sont des rêveurs et pensent que la beauté de leurs paysages et de leurs monuments historiques peuvent pallier l’insuffisance de l’accueil et des équipements. Tel n’est pas le cas. Nous apporterons bien entendu notre soutien à ce projet de loi.

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