Ce débat revêt cette année un caractère tout à fait exceptionnel puisqu'il s'agit du premier débat d'orientation budgétaire « au format LOLF ». Le projet de loi de finances pour 2006 sera, en effet, le premier à être soumis à la pleine application de la loi organique relative aux lois de finances du 1er août 2001, qui consacre notamment l'existence de ce débat d'orientation, permettant de mieux associer la représentation nationale aux choix budgétaires, et je m'en félicite pour ce premier budget que Jean-François Copé et moi-même avons tout à la fois la charge et l'honneur de construire.
Je voudrais d'abord vous livrer le diagnostic que je tire aujourd'hui du contexte économique qui est le nôtre.
Après une année 2004 globalement satisfaisante pour l'économie française, avec une croissance de 2, 1 % contre seulement 1, 7 % pour la zone euro - c'est un peu moins que ce que nous escomptions, mais cela reste malgré tout une bonne année -, nous avons connu un premier trimestre décevant, avec 0, 3 % de croissance. Cela reflète, comme vous le savez, un ralentissement prononcé de l'activité industrielle, alors que les secteurs du bâtiment et des services ont continué de bien se tenir.
L'économie française a d'abord pris de plein fouet l'impact de l'appréciation de l'euro autour de 1, 30 dollar depuis la mi-2004. L'atonie de la demande intérieure chez nos deux principaux partenaires, l'Allemagne et l'Italie, a également pesé sur le dynamisme de nos exportations. Par ailleurs, la hausse du pétrole, à près de 50 dollars le baril au premier trimestre, nous a fortement pénalisés, incitant les entreprises à puiser dans leurs stocks plutôt qu'à produire, pour répondre à une demande intérieure française toujours dynamique.
Cependant, je pense que le pire est aujourd'hui derrière nous. D'abord, la dépréciation de l'euro, sous la barre des 1, 20 dollar aujourd'hui, devrait apporter un soutien bienvenu à nos exportations. Ensuite, grâce à la restauration de leur situation financière, les entreprises semblent aujourd'hui prêtes à investir.
Les signaux les plus récents montrent d'ailleurs qu'un rebond est déjà amorcé : la production industrielle a progressé en avril de 0, 5 % et les résultats des enquêtes de conjoncture réalisées auprès des chefs d'entreprise se sont redressés aux mois de mai et de juin.
La croissance devrait, selon toute probabilité, retrouver son rythme de 2 % à 2, 5 % au second semestre. Le Gouvernement respectera son calendrier habituel et ne communiquera de nouvelles prévisions officielles qu'à la rentrée. Mais, au total, sur l'année complète, mon sentiment aujourd'hui est que nous pouvons encore espérer, si le cours du pétrole se replie évidemment, nous rapprocher de 2 % de croissance annuelle en 2005, même si ce chiffre, je le concède, est plutôt devenu le haut de la fourchette de croissance envisagée.
Je reste toutefois très vigilant sur l'ampleur du « ciseau » à l'oeuvre entre le prix du baril et le cours de l'euro, la baisse de l'euro amplifiant cette année la hausse du prix du pétrole. Rien n'est cependant définitif dans ce domaine, le marché pétrolier restant caractérisé par une forte croissance de la demande, une faiblesse record des capacités inemployées et un manque total de visibilité et de transparence sur les perspectives de croissance de l'offre mondiale à court terme.
Tel est, mesdames, messieurs les sénateurs, le diagnostic conjoncturel que je voulais partager avec vous aujourd'hui.