Deux autres projets de tout premier plan ont été retenus dans le cadre des investissements d’avenir. Le projet LIGAN d’abord, au titre des équipements d’excellence, misera sur le séquençage à très haut débit pour mieux comprendre le rôle que jouent certains gènes dans le développement des maladies chroniques comme la maladie d’Alzheimer ou l’obésité. Là encore, la perspective est celle d’une médecine beaucoup plus personnalisée et de traitements adaptés aux caractéristiques génétiques relevées sur les malades obèses.
Le projet EGID – European genomic institute for diabetes – ensuite, au titre des laboratoires d’excellence, permettra d’étudier à très grande échelle l’ensemble des mécanismes qui concourent à l’apparition des désordres métaboliques observés chez un individu donné.
Avec l’IHU ICAN et les projets EGID et LIGAN, ce sont plus de 71 millions d’euros qui ont été consacrés à la recherche sur l’obésité, mais bien d’autres projets ambitieux ont vu le jour dans le cadre des investissements d’avenir. De près ou de loin, un nombre important d’entre eux devraient encore accroître nos chances de lutter avec succès contre cette pathologie.
Je pense notamment aux cohortes en population générale, qui vont nous permettre, sur une longue durée, d’intégrer, de façon directe ou indirecte, l’effets des modes de vie, des habitudes alimentaires ou des transformations de l’environnement socio-économique sur les individus. Le projet I-SHARE, par exemple, porté par l’université de Bordeaux, l’INSERM et l’université de Versailles–Saint-Quentin, nous permettra demain de combler notre manque de connaissances précises sur les jeunes adultes en utilisant tous les outils modernes de communication pour les suivre.
Je pense aussi au projet de labex – laboratoire d’excellence – BRAIN, qui développera des technologies de pointe dans le domaine de l’imagerie médicale appliquée au cerveau afin de mieux comprendre les relations complexes entre les dysfonctionnements cérébraux et l’apparition de certaines pathologies comme l’obésité.
Au total, l’exercice des investissements d’avenir va permettre de multiplier par six l’effort national de recherche sur l’obésité. Et nous n’en sommes aujourd’hui qu’à la mi-temps de ce vaste programme d’investissement public : au titre de la deuxième vague d’appels à projets, d’autres ambitions, d’autres initiatives pourraient voir le jour.
Cet effort de recherche exceptionnel répond au défi de la prévention.
En effet, vous l’aurez compris, mesdames, messieurs les sénateurs, derrière cet effort exceptionnel pour accroître nos forces de recherche, c’est une véritable révolution des méthodes d’analyse, de prévention et de soin de l’obésité qui se profile.
Je pense bien sûr au rapprochement de la recherche fondamentale et de la recherche clinique, qui doit permettre de construire un véritable front commun contre la maladie, qui est au cœur de tous les projets que je viens d’évoquer à l’instant.
Mais je pense aussi à la révolution copernicienne qui s’esquisse en matière de santé publique. Nos politiques sont aujourd’hui tournées vers le soin. Demain, elles devront répondre au défi de la prévention et combattre, à la racine, les maladies chroniques comme l’obésité.
Vous avez eu, du reste, l’occasion de le souligner, l’obésité est intimement liée à l’organisation de notre vie sociale, à notre environnement, aux mentalités collectives et à leurs effets sur l’individu.
Chacun le sait, les campagnes de sensibilisation ont des effets, mais ils restent encore limités. Nous devons réfléchir, avec nos économistes, avec nos sociologues, avec nos philosophes et nos cognitivistes sur de nouvelles manières de prévenir les comportements à risque.
C’est donc tout un champ de recherche et d’études qui s’ouvre devant nous. Il n’est pas vierge : nous savons qu’il est possible de prendre en compte la santé dans l’aménagement des territoires et des espaces urbains, pour favoriser, par exemple, la marche et rendre possible, au-delà du sport, la pratique de l’activité physique. D’autres propositions pourraient être avancées, comme celles que vous avez présentées dans les conclusions de votre rapport, madame Bout, ou bien encore celles qui ont été esquissées par les différents intervenants.
Une chose est sûre : en matière de soin comme de prévention, nous ne lutterons jamais mieux contre l’obésité qu’en nous appuyant sur la recherche, qui nous offre les moyens de choisir, d’agir et d’aller plus loin.
C’est pourquoi, mesdames, messieurs les sénateurs, je me réjouis que ce débat ait lieu aujourd’hui : il est l’occasion pour nous tous de redire notre confiance collective aux chercheurs, dont les travaux sont au cœur des préoccupations de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.
Et c’est pourquoi je souhaite, comme vous l’avez fait vous-mêmes, que la parole des scientifiques soit à l’avenir placée au cœur de nos débats. J’ai suggéré au président de l'Assemblée nationale, et je réitère ma proposition devant vous, que des questions puissent, au moins une fois par an, être posées par la représentation nationale non plus au Gouvernement, mais directement aux scientifiques, car ils sont les mieux à même de nous aider à poser les bonnes questions et à y trouver les meilleures réponses. Et c’est à ces questions que nous, responsables politiques, nous aurons à apporter des réponses. Nos travaux, vous le voyez, ne font donc que commencer !