… combien, aujourd'hui, sont disponibles réellement ?
Ce manque d’investissement quantitatif s’accompagne d’un recul inquiétant du point de vue qualitatif. À force de chercher à échapper aux règles de fonctionnement public et de diminuer la proportion des professionnels les plus qualifiés, c’est la qualité même de l’encadrement apporté aux enfants que l’on met en cause.
De plus, toutes les études le démontrent, l’accueil dans des structures collectives de qualité améliore sensiblement les capacités cognitives et la socialisation des enfants.
Alors que M. le ministre de l’éducation nationale se prononce sur les dispositifs à mettre en place pour lutter contre le décrochage scolaire, nous souhaitons lui rappeler que les racines de l’échec sont à chercher bien en amont, entre la naissance et l’âge de six ans, c’est-à-dire justement durant la petite enfance.
Or ce manque d’investissement dès le plus jeune âge est tristement préjudiciable pour les enfants, notamment pour ceux qui sont les plus fragiles sur le plan social.
Décidément très concernée par cette problématique, Mme Bruni-Sarkozy elle-même a rappelé, le 17 mai dernier, dans le cadre de sa fondation, qu’une prévention efficace de l’illettrisme n’avait de sens que si elle intervenait dès la petite enfance.
Or nous constatons avec inquiétude, année après année, le démantèlement en règle de l’accueil des enfants de moins de trois ans à l’école maternelle, malgré les qualités incontestables de cette préscolarisation, reconnues par nombre de chercheurs et spécialistes de la petite enfance.
Je reviendrai sur des chiffres cités par mes collègues précédemment : alors que 35 % des enfants de deux à trois ans étaient préscolarisés en 2000, ce pourcentage est tombé à moins de 14 % et, dans des zones sensibles comme la Seine-Saint-Denis, là où les besoins sont les plus criants, il est inférieur à 5 %.
Au travers d’une application aveugle de la révision générale des politiques publiques, la fameuse RGPP, vous abandonnez des milliers et des milliers d’enfants dans le vide éducatif ainsi créé !
Par ailleurs, l’accueil de la petite enfance ne constitue pas seulement un facteur déterminant dans l’égalité des chances et la prévention contre l’échec scolaire, il est également un instrument au service de l’égalité entre les hommes et les femmes.