C’est à ce moment, par exemple, que nous devons être le plus vigilants sur la santé, par l’alimentation et par l’environnement immédiat.
La prévention précoce doit être prévenante et non sécuritaire. Quant à l’accès aux soins médicaux et psychologiques, il doit être gratuit. Or ces services subissent eux aussi des restrictions.
Nous sommes toujours en attente de normes sur l’air intérieur, alors que subsistent sur le marché des offres de matériaux et de meubles, pour les classes et les crèches, dangereusement émissifs en produits cancérigènes et perturbateurs endocriniens.
Quant aux repas, à cet âge, la variété, l’absence de pesticides ou d’excès de sel, de sucre, de graisses « trans », appellent à des règles plus contraignantes pour l’agro-alimentaire mais plus ouvertes aux confections locales.
Le temps de chaque être en devenir porte les germes de notre avenir commun.
C’est à ce moment que se préparent des rapports sociaux apaisés, égalitaires et respectueux, dont les fondations sont l’égalité entre les sexes, le goût de la diversité, l’envie de capacités narratives.
Les conditions d’une politique ambitieuse sont multiples, mais elles passent par un service public de la petite enfance cohérent, avec une place confiante pour le tissu associatif, dans le cadre de politiques éducatives territorialisées élaborées par des instances décisionnelles mises en place à l’échelle du bassin de vie.
Ce secteur ne peut pas relever du champ de la directive Services, de la concurrence et de la marchandisation.
Au-delà des « places », ce qui est en cause, c’est aussi une question d’approche. Or cela s’acquiert et cela peut même se valider.
Il est nécessaire que la formation des professionnels de la santé et de la petite enfance prenne mieux en compte la dimension du développement somatique et affectif du tout-petit, ainsi que l’importance de l’empathie, de l’émerveillement et de l’épanouissement.
Les parents, acteurs premiers et centraux, doivent être reconnus et soutenus. Ils doivent avoir le droit au choix.
Veiller à la petite enfance, c’est aussi aider à la parentalité, aux lieux passerelles dans l’école, aux formations douces, au temps d’accompagner, de regarder grandir, de partager des moments de bonheur avec ses enfants – et ceux des voisins, et sans doute pas en « travaillant plus pour gagner moins », dans la souffrance !
La disponibilité des parents est, en effet, partie prenante de l’éducation à la maison et de la participation à la mosaïque d’acteurs hors de la maison. Elle est aussi la garantie que la télévision ne devienne pas la nourrice, livrant à la publicité aliénante les petits cerveaux très influençables !