Intervention de Michel Mercier

Réunion du 9 juin 2005 à 15h00
Politique générale — Débat et vote sur une déclaration du gouvernement

Photo de Michel MercierMichel Mercier :

Là où les choses vont bien, si l'avenir semble assuré, le oui l'a emporté ; ailleurs, le non nous appelle à réagir.

Cet appel massif vient du fond du peuple français, qui attend une rupture, un changement profond, des repères nouveaux.

L'Europe a besoin d'une gouvernance économique. Elle doit se donner les moyens de protéger ses intérêts vitaux.

Que nous soyons très désemparés, moi comme tous les autres, devant cet appel, ce rejet, cette vague de fond, c'est peut être normal. Mais nous devons rapidement proposer aux Françaises et aux Français des réponses nouvelles, lisibles, positives.

Le débat qui s'instaure dans notre pays - social-libéral, modèle social français, modèle anglo-saxon ou modèle nordique - est un bon débat. Il est normal, parce que nous nous interrogeons. C'est de ce débat que doit sortir demain la proposition que nous ferons aux Françaises et aux Français.

Je ne me retrouve guère dans ces votes. Ce que nous attendons de votre gouvernement, monsieur le Premier ministre, c'est que vous proposiez aux Françaises et aux Français un nouvel équilibre entre ces pôles, équilibre qui permettra de trouver d'autres repères.

Il faut simplement que nous retrouvions le désir de vivre ensemble, c'est-à-dire que chacun soit sûr que c'est ensemble que l'on peut construire le bonheur et la vie de chacun. Lorsqu'on est sûr de cette réalité, on est toujours prêt à faire les sacrifices nécessaires.

Certains font référence à tel ou tel de nos écrivains, de nos penseurs, de nos philosophes. Pour ma part, je m'en tiendrai à la définition de la nation donnée par Ernest Renan en 1882 : « Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu'exige l'abdication de l'individu au profit d'une communauté, elle est légitime, elle a le droit d'exister ».

Une nation est donc une grande solidarité. La nation est un plébiscite de tous les jours. C'est, monsieur le Premier ministre, ce plébiscite du quotidien que votre gouvernement doit gagner, et nous, sénatrices et sénateurs de l'UC-UDF, nous voulons prendre toute notre part du travail.

Il y a l'urgent et il y a l'avenir ; deux catégories de réponses s'imposent. Celles-ci doivent redonner aux Françaises et aux Français l'assurance à la fois qu'ils appartiennent au même corps social et que leur avenir dépend de cette appartenance.

Il faut agir vite dans les domaines social, économique et politique, donc opérer de façon globale.

Vous nous l'avez dit hier, votre gouvernement est tout entier tourné vers l'emploi. C'est une partie, et une partie importante, de la réponse.

Pour conserver notre modèle de civilisation, monsieur le Premier ministre, il faut un nouvel équilibre, une autre répartition des tâches entre l'entreprise et l'Etat. Les syndicats, les entreprises, dirigeants, cadres et employés, doivent faire ce qui relève de leur compétence : vivifier l'économie, innover, créer des richesses, donner du travail, offrir des perspectives d'avenir, permettre à chacun de réaliser sa vie ; c'est le rôle de l'entreprise, et ce n'est pas rien !

Il faut répondre aux besoins des Français, créer la richesse qui permet de vivre ensemble et à chacun de sacrifier ce qui est nécessaire au bien commun.

Délivrons l'entreprise de toute autre tâche, comme le financement de la protection sociale. Donnons-lui les moyens d'être compétitive : c'est la seule façon de lutter contre les délocalisations, ces délocalisations qui frappent toujours les plus modestes. Il faut clairement cesser de taxer l'emploi et la production.

Jean Arthuis, Christian Gaudin et moi-même avons souvent évoqué la TVA sociale comme moyen d'assurer la compétitivité de nos entreprises et de maintenir nos emplois. Nous vous demandons avec insistance d'étudier avec nous cette proposition.

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