Mes chers collègues, vous le savez, la France est régulièrement mise en cause, tant à l'échelon européen, par le Parlement européen ou le Conseil de l'Europe, qu'à l'échelon mondial, par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, pour les blocages qu'elle maintient en matière de protection des langues régionales et minoritaires, blocages qui sont en contradiction avec ses prises de position en faveur de la défense de la diversité culturelle et linguistique : le message de notre pays devient incompréhensible.
Cet amendement, qui n'est pas hors sujet, a pour objet de faire avancer le débat en inscrivant dans la Constitution la reconnaissance et la promotion des langues régionales et minoritaires. La nécessité d'une telle reconnaissance a d'ailleurs été soulignée par le Conseil constitutionnel.
Il faut les reconnaître parce que les langues régionales ne relèvent pas d'un folklore amusant à découvrir en vacances : elles représentent une part importante de notre histoire, de notre culture et de notre patrimoine, qui, je vous le rappelle, est l'un des plus riches d'Europe.
Il faut aussi promouvoir ces cultures et ces langues parce que, après des années de reniement et de mépris, nombre de nos concitoyens demandent à l'Etat de prendre en compte leur héritage linguistique.
Nous devons donner aux langues les moyens de vivre. Quand une langue meurt, c'est une part de notre peuple qui meurt.
Combien de temps faut-il, demandais-je hier, pour qu'une langue soit « naturalisée » ? Je rappellerai que les langues tsiganes, le yiddish, le berbère ou l'arabe sont présents depuis très longtemps sur le sol français. Combien de temps faudra-t-il pour comprendre que nous avons aussi notre part de responsabilité dans leur survivance et dans leur transmission ?
Respecter les engagements de la France est important et nous devons modifier l'article 2 de la Constitution afin de pouvoir ratifier la charte des langues régionales ou minoritaires, que nous avons signée le 7 mai 1999.
Au moment où la France procède à une révision constitutionnelle pour réaliser une étape supplémentaire dans la construction européenne, il est important de rappeler que la reconnaissance des langues accompagne également la défense du français dans la construction européenne.