Intervention de Paul Raoult

Réunion du 2 décembre 2006 à 15h45
Loi de finances pour 2007 — État b

Photo de Paul RaoultPaul Raoult :

J'avais exprimé mon scepticisme en concluant mon intervention. Cela étant, madame la ministre, Mme Didier et moi-même portons la même appréciation sur votre travail. J'ai en effet conscience, pour travailler avec vous depuis de nombreux mois, que les choses ont progressé dans la transparence et que vous avez la volonté d'être efficace.

Au-delà de votre budget, qui est en progression et comporte des avancées, je ne suis pas sûr, à travers le débat national qui s'engage, que l'ensemble des familles politiques, qu'elles soient de gauche ou de droite, aient saisi ce que certains ont appelé « l'urgence écologique ». Pour ma part, j'ai la conviction, depuis de nombreuses années, qu'il y a effectivement urgence écologique.

Ayant écouté, il y a quelques semaines, les débats entre les candidats de mon parti politique, j'ai trouvé qu'il avait été peu question d'environnement, et c'est le moins que l'on puisse dire ! Donc, je suis humble et modeste. Cependant, j'ai aussi un certain nombre de convictions personnelles, que je partage avec ceux qui sont présents ce soir, même s'ils ne sont pas très nombreux. Que nous soyons de gauche ou de droite, nous sommes, les uns et les autres, des passionnés qui croyons beaucoup à cette valeur environnementale.

Le succès du film d'Al Gore témoigne bien du décalage qui existe entre le monde politique et la population. Cela dit, quand Al Gore était au pouvoir, il n'a pas fait grand-chose pour faire avancer ce type de dossier. On retrouve, là aussi, la même contradiction.

Que faisons-nous réellement face au problème du réchauffement climatique et des gaz à effet de serre, face au problème de la pollution de l'eau et de l'air ? Cela fait vingt ans que je participe aux travaux de l'Agence de l'eau Artois-Picardie. Lorsque je constate que les taux de nitrates ou les taux de pesticides continuent de progresser dans les zones de champ captant du syndicat intercommunal que je préside, je me demande si nous avons été efficaces et si nous sommes capables de l'être.

Il peut exister un décalage important entre nos efforts de gestion au quotidien et le résultat parfois décevant auxquels ils aboutissent.

En matière de risques sanitaires, des difficultés se posent aussi.

La fièvre catarrhale qui atteint les troupeaux, aujourd'hui, dans mon territoire, perturbe les éleveurs mais elle nous fait aussi réfléchir : voici un moucheron piqueur que l'on ne devrait normalement pas trouver sous de telles latitudes, puisqu'il vit dans des territoires chauds, méditerranéens, et qui a récemment fait son apparition aux Pays-Bas, où l'on dénombre actuellement plus de six cents foyers d'infection. Nous en comptons six dans mon département, mais c'est six de trop.

Bien des éléments montrent qu'il est nécessaire de prendre conscience des problèmes, de sortir de l'inconscience généralisée telle qu'on la vit tous les jours.

Je le sais, compte tenu du contexte politique, à six mois des prochaines échéances électorales, chacun est dans un camp. J'espère toutefois que nous saurons, au-delà de ces oppositions, faire avancer les dossiers. Ne serait-ce que sur les organismes génétiquement modifiés, les OGM, chaque camp politique est aujourd'hui partagé, ce qui explique d'ailleurs le retard pris dans la discussion du projet de loi portant sur ce sujet. Chacun hésite et, pourtant, il faut prendre des décisions rapidement.

Face à vos actions honnêtes et déterminées, madame la ministre, j'ai quand même le sentiment que le budget qui nous est proposé n'est pas à la hauteur des enjeux qui ont été définis. Toutefois, une prise de conscience collective est nécessaire si l'on veut progresser.

Certes, votre budget représente 0, 39 % du budget de l'État, sans parler des actions menées par les départements, les régions et l'ensemble des partenaires, mais il reste encore insuffisant par rapport aux enjeux.

Pour cette raison et compte tenu du contexte politique actuel, je ne voterai pas les crédits de cette mission, madame la ministre.

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