Monsieur le ministre, comment évoquer l'idée de cohésion sociale en n'abordant pas la question fondamentale du processus qui conduit les entreprises à licencier ?
Nous l'avons déjà indiqué à plusieurs reprises, votre texte est un dispositif d'accompagnement du libéralisme le plus dur. Il ne se dresse aucunement face à lui.
En outre, le rajout opéré par M. Larcher finit de mettre au jour les ambiguïtés, pour ne pas dire le cynisme, de votre texte.
Le silence du projet de loi sur ces phénomènes qui minent l'espoir de centaines de milliers d'habitants de notre pays, qui ont pour noms délocalisations, restructurations, plans sociaux et qui déshumanisent la société, est frappant, déroutant et, surtout, inhumain.
Ce tabou est inhumain en effet. Vous considérez que la détresse de ces femmes, de ces hommes, rejetés du monde du travail, doit seulement être traitée socialement en recherchant le point d'équilibre qui évitera la révolte, tout en ménageant les dépenses de l'Etat.
Le licenciement est, pour vous, une fatalité. Non seulement elle est admise, mais elle doit être facilitée, puisque vous assouplissez encore les règles en la matière.
Comment espérez-vous restaurer une cohésion sociale si, pour vous, ce terme est à rapprocher de la recherche d'une certaine harmonie dans les rapports sociaux ?
Par votre silence, vous tolérez l'intolérable, c'est-à-dire la violence sociale, la dureté des rapports sociaux, le patronat voulant réduire à néant les droits des salariés.
Comment ne pas constater que vous passez directement à la case « chômage » dès le premier article de votre projet de loi ?
Mon groupe a la volonté de rappeler que le meilleur moyen de lutter contre le chômage, c'est de défendre l'emploi avec les moyens qui s'imposent.
Il faut combattre les licenciements qui ont pour seul fondement la recherche effrénée d'un profit sans cesse réévalué. L'utilisation des salariés comme variable d'ajustement de la politique de redistribution des dividendes des entreprises n'est pas acceptable.
Malheureusement, sous l'influence de la mondialisation capitaliste, cette pratique devient la norme et la préservation de l'emploi, l'exception.
Un pays riche et développé, comme la France, peut et doit se permettre une politique sociale audacieuse.
Cette démarche novatrice apparaît d'autant plus nécessaire qu'une Europe sociale est à construire dans un cadre élargi.
Mes chers collègues, cet amendement tendant à insérer une division additionnelle, comme les suivants de notre groupe, ne vise aucunement à réparer un oubli de la part de M. le ministre de l'emploi, du travail et de la cohésion sociale.
Nos propositions tendent à mettre en valeur la politique du laisser-faire adoptée par le Gouvernement en matière de licenciement. N'est-ce pas là l'application stricte des vieux dogmes libéraux ? L'Etat ne s'occupe pas de la vie des entreprises. Il tente d'affaiblir la collectivité publique et d'atténuer les dégâts occasionnés au profit d'une nécessité.