Intervention de Paul Raoult

Réunion du 8 avril 2009 à 14h30
Développement et modernisation des services touristiques — Vote sur l'ensemble

Photo de Paul RaoultPaul Raoult :

Je me félicite de la qualité des travaux qui se sont déroulés pendant ces deux jours dans un climat constructif. Je remercie M. le secrétaire d’État pour la qualité de ses réponses aux questions posées et la prise en compte d’un certain nombre de nos amendements. Je remercie également Mme le rapporteur, M. le président de la commission et nos collaborateurs.

Le travail dominical nous a donné un « coup de chaud ». Je vis dans une commune touristique et sais qu’il y a un certain nombre de services à rendre aux touristes pendant la période estivale.

Cependant, je voudrais revenir sur deux arguments qui ont été avancés.

Parler de « zonage touristique » me semble aujourd’hui dépassé dans la mesure où c’est l’ensemble de notre territoire, villes et campagnes confondues, qui a aujourd’hui une vocation touristique. Comment décréter que telle zone serait touristique et que telle autre ne le serait pas ? La moindre petite ville, le moindre village de nos campagnes a aujourd’hui vocation à développer du tourisme, vert ou urbain ! Aujourd’hui, le zonage ne paraît pas une solution par rapport aux problèmes évoqués.

Sur tout le territoire français, on déploie des efforts pour promouvoir cette vocation touristique : partout, il y a quelque chose à voir, de beaux paysages, et partout, on peut faire de l’hébergement !

Quant à « la période touristique », on le sait, les régions touristiques s’emploient à faire du « tourisme des quatre saisons », c’est-à-dire toute l’année.

Ce qui compromet la rentabilité du tourisme en France, c’est la brièveté de la saison, réduite au plus à trois mois, et pour laquelle on investit dans de grands équipements qui, en dehors de cette période, sont fermés ou ont un coefficient de remplissage très faible. Nous, élus, nous employons à faire en sorte que la dynamique touristique joue tout au long de l’année.

À la question du travail dominical, qu’il est peut-être justifié de poser, on ne saurait répondre par aucun de ces deux arguments, sauf à s’enfermer dans une forme de tourisme qui n’est plus d’actualité, car elle est dépassée par les évolutions actuelles.

Allons au-delà, sinon, nous irons à contre-courant et nous ne serons pas bons ! Même les grands équipements touristiques, comme Disneyland ou autres, peinent aujourd’hui à être rentables parce qu’ils ne fonctionnent que pendant une courte période de l’année. Je peux en témoigner : dans la région Nord–Pas-de-Calais, nous avons les mêmes problèmes ! Près de Poitiers, le Futuroscope en avait souffert lui aussi !

Il faut faire des efforts pour rentabiliser nos grands équipements touristiques et répartir les manifestations culturelles, festives et autres sur l’ensemble de l’année.

Monsieur le secrétaire d’État, je ressens quelque désespoir devant la difficulté à rassembler l’argent nécessaire pour entretenir notre patrimoine. Ne pas préserver nos cathédrales ou nos villes fortifiées, c’est mettre en cause la vocation touristique de notre pays ! Sans méconnaître l’importance de la dimension événementielle, je tiens à rappeler que ce qui attire le touriste en France, c’est, d’abord, la qualité et la densité de notre patrimoine, témoin de notre culture et de notre civilisation.

Je me réjouis que vous ayez accepté un certain nombre d’amendements sur cet élément décisif qu’est le tourisme durable. Car le touriste change : il ne veut plus aller s’entasser dans des lieux littéralement agressés par la surpopulation touristique !

Le touriste aspire à un tourisme durable, respectueux de tous les milieux, qu’il s’agisse de la ville, de la campagne, du littoral ou de la montagne.

Et, lorsqu’on parle de l’agriculture, n’oublions pas la qualité des paysages : respecter, par exemple, des paysages de bocage, c’est préserver l’image donnée au touriste et faire œuvre de développement touristique. J’espère d'ailleurs que nous pourrons, en ce sens, mettre en place un système d’écodiagnostics.

Monsieur le secrétaire d’État, il a été question des classements, mais il faut aussi être vigilant sur les labels. Je suis persuadé qu’ils restent un élément moteur de la dynamique touristique. Encore faut-il qu’ils soient fondés sur des critères pertinents, que leur attribution soit sérieuse et bien organisée, qu’ils ne trompent pas le client mais le rassurent. Dans ce domaine, nous avons peut-être encore des progrès à réaliser.

En tout cas, trop de labels tue le label. Il conviendrait donc de recadrer les choses, sachant que chaque département, chaque région veut son label. Mais les touristes étrangers ne sont pas nécessairement censés savoir que tel label concerne la Bretagne, le Nord-Pas-de-Calais ou la région Rhône-Alpes. Il nous faut donc des labels nationaux qui permettent de sécuriser le touriste.

Par ailleurs, dans le climat de crise économique et sociale actuel, je crois que le tourisme de proximité est une chance pour notre pays. Celui-ci a connu une période difficile avec les produits low cost : il était finalement moins coûteux de passer ses vacances en Tunisie que dans un lieu touristique de notre pays !

Aujourd’hui, on assiste à cet égard à un certain rééquilibrage. Il faut donc que les différents acteurs soient prêts à accueillir ces touristes français qui cherchent des lieux plus proches et moins coûteux, à travers une professionnalisation beaucoup plus marquée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Notre pays possède des écoles hôtelières, des universités qui se sont orientées sur le secteur du tourisme. J’espère qu’avec l’aide que vous pourrez leur apporter nous serons, demain, en mesure de développer encore davantage le tourisme en France et de résister à la concurrence des pays voisins.

Nous voterons donc ce texte, tout en sachant qu’il n’est qu’une étape et que d’autres propositions seront nécessaires pour fortifier notre tourisme.

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