Nous le regrettons.
Pourtant, la protection de l'enfance est une question grave, qui met en jeu l'avenir, le nôtre et celui de nos enfants. C'est pourquoi des réformes étaient attendues de longue date.
Les acteurs de terrain témoignent tous de situations individuelles de plus en plus complexes, et parlent souvent de leur sentiment d'impuissance devant un dispositif lui-même tout aussi complexe.
Depuis des années, une réflexion est menée autour de la question des missions de la protection de l'enfance. Les évolutions ont été notables, en particulier avec l'affirmation progressive d'une logique d'accompagnement des familles et des parents. Cette logique de soutien tend à s'imposer comme l'une des missions premières de la protection de l'enfance, ce qui permet, de façon positive, d'associer les parents aux diverses actions menées.
Néanmoins, beaucoup de chemin reste encore à parcourir, d'autant que l'on voit apparaître de nouvelles situations de danger pour les enfants et les jeunes.
À cet égard, j'évoquerai, par exemple, le sort dramatique réservé actuellement aux mineurs étrangers isolés. Sur ce point, le débat qui vient de s'achever ici même sur le projet de loi relatif à l'immigration et à l'intégration ne peut que nourrir plus encore nos inquiétudes.
Je pourrais aussi évoquer le danger que peuvent représenter l'Internet ou la télévision pour des enfants qui sont aujourd'hui en permanence sollicités par les médias, et qui y sont parfois exposés plus qu'ils ne devraient l'être.
La protection de l'enfance est sans cesse à redéfinir et à questionner, c'est pourquoi la mise en place d'une grande concertation nationale avait été accueillie, y compris par nous, de façon tout à fait favorable, d'autant que l'on assiste à une dégradation sans précédent des conditions de vie de nombre de familles. Les difficultés économiques, liées au chômage et à la précarité des emplois, se conjuguent avec des problèmes de logements, avec des difficultés d'intégration scolaire ou culturelle, ou bien encore avec des problèmes de santé.
L'explosion de la précarité, l'aggravation des inégalités ne font que conforter nos préoccupations. Ces fragilités économiques et sociales dépassent largement les enjeux de la protection de l'enfance, bien évidemment, mais les travailleurs sociaux, les médecins, les infirmières, les sages-femmes, les psychologues, les pédopsychiatres, les juges pour enfants et toutes les personnes qui agissent au quotidien pour la protection de l'enfance se trouvent en permanence sollicités.
Dans tous les cas, les acteurs de terrain ont vu le champ de leurs missions s'élargir, alors que leurs moyens décroissaient. Il est regrettable, en particulier quand on observe à quel point ils font preuve de dévouement et de motivation dans leur travail, de constater comment ces acteurs de terrain se trouvent aujourd'hui soumis à une telle urgence sociale.
Alors que tout le monde attendait une loi-cadre ou une loi d'orientation sur la protection de l'enfance, corrigeant les archaïsmes législatifs et répondant aux nouvelles situations de danger, on doit se contenter aujourd'hui de ce texte, comportant seulement seize articles, ...