Intervention de Serge Vinçon

Réunion du 12 décembre 2006 à 21h30
Conseil européen des 14 et 15 décembre 2006 — Débat sur une déclaration du gouvernement

Photo de Serge VinçonSerge Vinçon, président de la commission des affaires étrangères :

Nous devons faire comprendre à nos partenaires turcs que les conditions de leur adhésion seront forcément différentes de celles qui ont prévalu lors des élargissements précédents. Cela tient au poids spécifique de ce pays, mais surtout à l'état actuel de l'Union et à sa capacité à bouleverser à brève échéance ses modes de fonctionnement.

La difficulté de la candidature turque pour l'Union tient non pas à une quelconque incompatibilité culturelle ou religieuse, mais bien davantage à la capacité de l'Union à agir après cette adhésion. Mais une fois le processus entamé et après un premier geste sur le respect du protocole d'Ankara, lié à la question chypriote, comment évaluer l'évolution de la négociation sur l'adhésion turque ?

Ensuite, et toujours au nombre des prises de conscience, il faut, me semble-t-il, faire figurer le débat sur les relations de l'Union avec la Russie.

Ce sujet l'illustre bien, l'affirmation de l'Union européenne en tant qu'acteur international écouté et respecté est une nécessité absolue, et ce non pas au nom d'une sorte de « rêve de grandeur », que d'aucuns prêtent volontiers aux ambitions françaises pour l'Europe, mais bien pour la préservation du projet européen tel qu'il existe aujourd'hui.

Une Union européenne forte, c'est une Union capable de faire prévaloir la règle de droit, avec des implications quotidiennes et très concrètes, dans un domaine aussi crucial que l'approvisionnement en énergie, pour promouvoir la paix et la prospérité. Or, la force de l'Union européenne, c'est sa cohésion politique et des mécanismes d'identification d'intérêts communs. À l'évidence, ces ressorts n'ont pas fonctionné.

Pourtant, la nécessité d'établir avec notre voisin russe une relation de partenariat et de coopération est évidente. Quels peuvent être alors, dans l'état actuel de la négociation, les fondements d'une relance du processus et les termes de notre relation avec la Russie ?

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, à partir du 1er janvier prochain, entre la présidence allemande et celle de la France, la période de deux ans qui va s'ouvrir verra se jouer une part essentielle du projet européen.

Avec la réforme des institutions, se posera la question de savoir si ce projet peut s'adapter à ses propres ambitions, c'est-à-dire, en quelque sorte, à lui-même.

Avec l'Europe politique, se posera la question de la capacité d'adaptation de l'Union au monde, tel qu'il évolue dans la multiplication et l'aggravation de crises que les nations organisées ne parviennent plus à réduire.

Avec l'Europe des peuples, se posera enfin la question de l'incompréhension dont souffre l'Europe dans l'opinion, une Europe dont on attend souvent bien plus que ce qu'elle est en mesure de donner.

Dans ce climat d'incertitude, le cadre national reprend toute sa pertinence et toute sa valeur. C'est dans ce contexte que notre débat électoral va bientôt s'ouvrir. À nous de convaincre les Français qu'une partie de l'avenir européen en est aussi l'enjeu.

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