Intervention de Jacques Blanc

Réunion du 12 décembre 2006 à 21h30
Conseil européen des 14 et 15 décembre 2006 — Débat sur une déclaration du gouvernement

Photo de Jacques BlancJacques Blanc :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, s'il fallait une démonstration de l'intérêt d'un tel débat, elle est faite ce soir !

Certes, nous ne sommes pas très nombreux, mais, madame la ministre, notre message est passé : pour la plupart nous souhaitons, sous des formes diverses, que l'Europe retrouve un souffle et une ambition. Nous souhaitons tous que ce Conseil, réuni dans les terres enneigées de Finlande, soit le point de départ d'une grande espérance pour tous ceux qui croient en l'Europe. Serge Vinçon, président de la commission des affaires étrangères, Hubert Haenel, président de notre délégation pour l'Union européenne, ainsi que tous ceux qui sont intervenus au cours de ce débat ont exprimé une volonté politique forte.

Certes, comme vous nous l'avez rappelé, madame, le programme du Conseil est extrêmement chargé. Mais quelques-uns des points dont il sera question seront marquants, à la veille de la présidence allemande et en prévision de cette période où la France, après l'élection présidentielle, sera appelée à jouer, nous l'espérons, un rôle majeur.

Il est vrai que nous sommes encore un peu sous le choc du « non » au référendum - ce n'est pas être agressif que de le dire. Mais on ne peut pas aujourd'hui accuser Mme le ministre ou le Président de la République des conséquences de ce vote. On ne peut pas avoir impunément dit « non » alors que la plupart des autres pays ont dit « oui ». Cela ne signifie pas que nous devons nous enfermer dans ce « non », mais il va nous falloir trouver le souffle qui nous permettra d'occuper de nouveau une place capitale dans une Europe totalement différente.

Nous sommes aujourd'hui à la veille - moins d'un mois - de l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l'Union européenne, ce dont nous nous réjouissons. Les négociations ouvertes avec la Turquie et la Croatie depuis le 3 octobre 2005, à la suite d'engagements pris depuis longtemps, sont en cours. C'est ainsi que va s'achever le cycle du cinquième élargissement.

L'Europe à vingt-sept est aujourd'hui une réalité. J'espère qu'elle sera également une réalité à vingt-neuf. Nous verrons...

D'autres pays sont déjà candidats : les pays des Balkans et l'Ukraine nous interpellent. Quelles réponses l'Europe va-t-elle leur donner ? Pour les définir, le Conseil va, d'une part, rappeler les conditions de Copenhague et, d'autre part, analyser la capacité d'intégration de ces pays. Leur adhésion devant déboucher sur des frontières nouvelles, il convient de donner à ces pays des perspectives compatibles avec la nouvelle gouvernance de l'Europe.

Ces pays ne sont pas responsables de notre incapacité à définir la gouvernance. Vous allez en parler, madame le ministre, et j'espère que nous arriverons rapidement à sortir de l'impasse dans laquelle nous sommes, mais qui ne vous empêche pas de vous mobiliser.

Je souhaite aborder de manière très directe un certain nombre de problèmes précis et concrets.

Je me réjouis que, ici, nous ne nous soyons pas laissé enfermer dans le problème de la Turquie. Je suis président du groupe d'amitié France-Turquie et partisan de l'adhésion de la Turquie, mais je ne prétends pas exprimer les sentiments unanimes de tous les membres du groupe UMP.

Premièrement, s'agissant de la négociation, il est normal qu'il y ait des hauts et des bas. Toutes les négociations passent par des cycles. La Turquie doit faire des efforts pour réussir à respecter les conditions de Copenhague. Elle est appelée, et elle l'a fait, à engager des réformes courageuses et souvent difficiles. Il ne faut pas fermer les yeux sur ces difficultés.

Deuxièmement, la Turquie fait face à une situation complexe. Chypre est un sujet extrêmement sensible. Ce n'est insulter personne que de dire que c'est le fameux coup d'État lancé en 1974, sous le régime des colonels grecs, par des extrémistes chypriotes qui a provoqué l'intervention des Turcs. Ils ne sont pas responsables du coup d'État !

Troisièmement, ce n'est insulter personne non plus que de rappeler qu'un référendum a été organisé sur une proposition que les Grecs, les Turcs et les pays européens avaient acceptée et qu'elle a été rejetée, non par la partie turque de Chypre, mais par l'autre partie. Nous sommes donc dans une impasse.

Il est vrai que, dans la mesure où l'Europe a accueilli Chypre, il est important que la Turquie reconnaisse ce pays, ...

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