Intervention de Annie David

Réunion du 29 mars 2005 à 16h00
Prévention et répression des violences au sein du couple — Articles additionnels avant l'article 1er ou après l'article 5

Photo de Annie DavidAnnie David :

Monsieur Hyest, je pense que cet amendement ressort bien du domaine de la loi, puisqu'il vise à modifier le code de l'éducation. Vous confirmerez ou infirmerez mon point de vue.

La prévention des violences au sein du couple exige d'aller au-delà de la sensibilisation des seuls acteurs publics chargés de l'accueil et de la prise en charge des femmes victimes de violences. Il nous faut agir sur des schémas comportementaux souvent acquis dès le plus jeune âge. Punir sévèrement est nécessaire, mais la justice et les structures d'accueil n'entrent en jeu que lorsque le mal est fait. L'objectif principal est, bien évidemment, de couper l'herbe à la racine, de prévenir ces actes de violences.

Dans cette perspective, l'école me semble être le lieu d'apprentissage le plus pertinent pour inculquer à nos enfants le respect mutuel. En la matière, l'école maternelle peut aussi jouer un rôle clé en permettant de briser le tabou et de casser les stéréotypes.

Or, aujourd'hui, comme l'a montré une étude récente de Leila Acherar, docteur en sciences de l'éducation et chargée de cours à l'université Montpellier III, étude publiée pour le compte de la délégation régionale aux droits des femmes et à l'égalité de Languedoc-Roussillon, l'école, « que l'on persiste à appeler maternelle, transmet un modèle archaïque de rapport entre les sexes ». En cela, elle participe donc à créer des stéréotypes qui engendrent les inégalités entre les hommes et les femmes.

Je veux vous raconter l'anecdote qu'a relatée Leila Acherar dans son étude. A de jeunes enfants de grande section de maternelle auxquels leur maîtresse devait apprendre la signification du mot « gant », cette dernière expliquait comme suit un dessin : il y a des gants de moto pour le papa et des gants de vaisselle pour la maman. Certes, il ne s'agissait pas de violence, mais il serait peut-être temps de revoir certains stéréotypes relayés au sein des écoles.

C'est pourquoi, dans notre proposition de loi sur l'école, nous suggérions que les représentations identitaires à caractère sexiste et ségrégative participent des programmes d'enseignement dès l'école maternelle, qui sont les premiers acquis de la culture commune à tous les élèves.

Bien évidemment, cet enseignement doit être approfondi dans le primaire et le secondaire

Par ailleurs, il va de soi que cet apprentissage doit être dispensé par des enseignants formés eux-mêmes aux méfaits des discriminations sexistes. C'est pour cette raison que nous proposions que des modules spécifiques en IUFM soient prévus.

Je regrette de ne pas avoir été entendue par M. Fillon voilà quelques jours. J'espère vraiment l'être aujourd'hui par la Haute Assemblée.

Je vous rappelle que, lors des différentes auditions auxquelles a procédé la délégation aux droits des femmes dans le cadre de la préparation de cette proposition de loi, toutes les femmes que nous avons reçues nous ont dit que dispenser aux jeunes, dès la maternelle, ces premiers apprentissages relatifs au respect mutuel, au rôle des filles et des garçons était une proposition très intéressante. Cela contribuerait, me semble-t-il, à une meilleure prise en compte de l'ensemble de ces problèmes dans nos écoles.

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